La Ghouta orientale sous les bombes, 250 morts en 48h

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Ghouta orientale: 250 morts en 48h[reuters.com]
(Crédits : Bassam Khabieh)

BEYROUTH (Reuters) - Au moins 106 personnes ont été tuées mardi dans la Ghouta orientale par des bombardements des forces pro-gouvernementales syriennes, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

En 48h, cela représente 250 personnes qui ont péri dans les bombardements contre ce secteur à la périphérie de la capitale Damas, ajoute l'OSDH.

L'organisation précise que c'est le plus lourd bilan en 48h dans la Ghouta depuis l'attaque chimique de 2013 qui avait fait des centaines de morts parmi la population et les combattants de cette poche tenue par les rebelles. On dénombre en outre 1.200 blessés, dit encore cette ONG basée à Londres.

La France a dénoncé mardi une "grave violation du droit humanitaire" dans cette région et exhorté ses partenaires aux Nations unies à agir pour imposer une trêve humanitaire.

L'Onu a réclamé lundi l'instauration d'un cessez-le-feu estimant que la situation "échappait à tout contrôle".

Panos Moumtzis, coordinateur régional des Nations unies pour la crise syrienne, a condamné mardi le bombardement de cinq hôpitaux dans la Ghouta orientale.

Les attaques intentionnelles contre des installations médicales peuvent être considérées comme des crimes de guerre, a-t-il dit.

A Genève, l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, a publié mardi un "communiqué" vide pour exprimer son indignation devant le nombre d'enfants figurant parmi les victimes des bombardements.

"Aucun mot ne pourra rendre justice aux enfants tués, à leurs mères, à leurs pères et à leurs proches", lit-on au début du communiqué publié par Geert Cappalaere, directeur régional de l'Unicef.

Depuis le début de l'escalade dimanche, 58 enfants ont trouvé la mort selon l'OSDH.

"CRIME DE GUERRE"

A Bruxelles, le chef de l'opposition syrienne Nasser al Hariri a déclaré à l'Union européenne que l'intensification des attaques sur la Ghouta orientale constituaient un crime de guerre.

Environ 400.000 personnes sont assiégées dans la Ghouta orientale, région vers laquelle l'acheminement d'aides humanitaires devient de plus en plus difficile.

Des groupes rebelles ont tiré mardi des obus de mortier sur des quartiers de Damas, faisant six morts et 28 blessés, a rapporté la télévision publique syrienne.

Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait imputé la situation dans la Ghouta à des "provocations armées" émanant de combattants de Nosra, un groupe islamiste anciennement lié à Al Qaïda. Moscou et ses alliés pourraient "déployer [leur] expérience dans la libération d'Alep(...)pour ce qui est de la situation dans la Ghouta orientale", avait-il dit.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a accusé les insurgés d'utiliser les civils comme boucliers humains.

Selon la défense civile syrienne, présente dans la Ghouta, l'aviation syrienne a pilonné entre autres villes Kafr Batna, Sakba, Hammouriyeh.

"Les avions de chasse ne quittent pas le ciel", a déclaré Siraj Mahmoud, porte-parole de la défense civile locale, selon qui des écoles, des maisons et des établissements médicaux sont la cible des raids.

Les secouristes ont trouvé plus de 100 cadavres "dans la seule journée" de lundi, a-t-il ajouté.

L'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré que la bataille en cours dans la Ghouta orientale pourrait ressembler à la sanglante bataille d'Alep, reprise par les forces de Damas à la fin 2016 après des années d'affrontements.

(Angus McDowall, Nicolas Delame, Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)