Des forces pro-Damas entrent dans la région d'Afrin

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Ankara dit ignorer si l'armee syrienne entrera dans la poche d'afrin[reuters.com]
(Crédits : Muhammad Hamed)

ANKARA (Reuters) - Des forces pro-gouvernementales syriennes sont entrées mardi dans la région d'Afrin pour prêter main-forte aux milices kurdes YPG qui contrôlent cette enclave du nord-ouest de la Syrie face à l'offensive lancée il y a un mois par l'armée turque, annoncent Damas et les YPG (Unités de protection du peuple).

Les miliciens des Forces populaires ont été visés par des tirs d'artillerie turcs peu après leur entrée dans le canton et ont rebroussé chemin, ont rapporté les médias d'Etat syriens.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il s'agissait d'un convoi de miliciens chiites, qu'il a qualifiés de "terroristes", agissant de leur propre initiative.

"Ils paieront le prix lourd", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

Erdogan affirme avoir conclu un accord empêchant le déploiement de forces pro-syriennes dans la région d'Afrin avec ses homologues russe Vladimir Poutine et iranien Hassan Rohani.

La Russie et l'Iran sont les alliés de Damas.

Selon les YPG, le gouvernement syrien a répondu à l'appel à l'aide des milices kurdes face à l'offensive turque. "Le gouvernement syrien a répondu à l'appel de son devoir et envoyé aujourd'hui des unités militaires (...) pour qu'elles se déploient le long de la frontière et participent à la défense de l'unité des frontières et du territoire syrien", a déclaré Nouri Mahmoud, porte-parole des YPG, dans un communiqué.

Ankara a prévenu que ses forces n'hésiteraient pas à affronter les forces syriennes si celles-ci entraient dans l'enclave d'Afrin afin d'y soutenir les miliciens kurdes.

AFRIN BIENTÔT ASSIÉGÉE, DIT ERDOGAN

La télévision publique syrienne a diffusé des images d'un convoi de combattants en tenue de camouflage brandissant armes et drapeaux syriens à bord de leurs véhicules et criant "Une seule Syrie !" à leur passage.

"Nous sommes venus dire à notre peuple à Afrin que nous ne faisons qu'un", a déclaré un milicien interrogé par la télévision, reprenant la position officielle de Damas selon laquelle la Syrie doit rester un seul pays et toutes les divisions nées de la guerre il y a près de sept ans doivent être supprimées.

Le déploiement de forces syriennes dans la région d'Afrin avait été annoncé dès dimanche par un haut responsable kurde puis présenté comme imminent lundi matin par les médias syriens, mais aucun mouvement de troupes n'avait été constaté.

Mardi matin, Recep Tayyip Erdogan a affirmé devant le Parlement d'Ankara qu'il avait bloqué ce déploiement grâce à un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine.

Les chefs de la diplomatie turque, russe et iranienne se réuniront le 14 mars à Moscou.

Devant les parlementaires, Recep Tayyip Erdogan a promis que le siège de la ville d'Afrin débuterait prochainement.

"Grâce à cela, nous couperons l'aide extérieure à la région et à la ville, et cette organisation terroriste n'aura pas les moyens de négocier avec qui que ce soit", a déclaré Erdogan.

Le gouvernement kurde considère les YPG, bras armé du PYD (Parti de l'union démocratique) comme une extension du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), groupe armé séparatiste kurde de Turquie, et comme une organisation terroriste.

(Gulsen Solaker, Ellen FrancisNicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)