Getlink se fixe des objectifs 2022 et va modifier sa gouvernance

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par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Getlink (ex-Eurotunnel) a publié mercredi des résultats annuels en hausse malgré le ralentissement de la croissance britannique liée au Brexit et annoncé une prochaine modification de sa gouvernance.

L'opérateur du tunnel sous la Manche, qui a vu ses ventes progresser de 4% à taux de change constants l'an dernier, a dégagé un Ebitda (excédent brut d'exploitation) en hausse de 6% à devises constantes, à 526 millions d'euros.

Cette performance, qui s'accompagne d'une forte progression du free cash flow (+97 millions d'euros à 236 millions) s'explique par un vigoureux contrôle des coûts (+1% seulement), doublé d'un relèvement de 4% des prix moyens grâce notamment à une nouvelle offre de services premium.

"L'année a été excellente. La compagnie va bien et tient ses engagements malgré des interrogations légitimes sur l'évolution de la livre et du Brexit", a déclaré Jacques Gounon, PDG du groupe, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.

Fort de ces résultats, Getlink a confirmé ses objectifs 2018, à savoir un Ebitda de 545 millions d'euros, correspondant au chiffre énoncé auparavant mais corrigé des effets de la baisse de la livre et du retard de quatre mois de la mie en service de la ligne Londres-Amsterdam.

Il s'est aussi fixé des objectifs à 2022, avec un Ebitda supérieur à 700 millions d'euros d'ici là, après la mise en service prévue en 2020 d'ElecLink, interconnexion électrique entre la Grande-Bretagne et la France.

Jacques Gounon, qui aura 65 ans en avril 2018, a également indiqué que le conseil d'administration allait proposer aux actionnaires réunis en assemblée générale le 18 avril de modifier les statuts de l'entreprise pour porter l'âge limite du dirigeant de 65 à 68 ans.

A l'issue de ces trois ans, les fonctions de directeur général et de président seront dissociées, a-t-il ajouté, conformément aux demandes du fonds britannique TCI.

TCI 1ER ACTIONNAIRE DEPUIS FIN JANVIER

Jacques Gounon pourrait alors devenir président, François Gauthey, actuel directeur général délégué, prenant la fonction de directeur général

Interrogé sur les intentions de TCI, Jacques Gounon s'est dit "très satisfait" de sa présence au capital du groupe, estimant qu'il partageait la vision des dirigeants selon laquelle le titre Getlink est sous-évalué.

Le fonds activiste est devenu fin janvier le premier actionnaire de Getlink avec 11,08% du capital.

Lors de sa déclaration de franchissement de seuil transmise à l'Autorité des marchés financiers (AMF), il a indiqué "ne pas avoir l'intention de mettre en oeuvre une stratégie particulière" ni "d'exercer une influence spécifique sur la gestion de l'entreprise", ni de prendre le contrôle de la société ou de demander la nomination d'un administrateur.

"Nous les avons rencontrés. Ils nous ont paru très constructifs (...) et estiment comme nous que le bruit autour du Brexit cache le potentiel de l'entreprise", a poursuivi le PDG.

Il a reconnu que la croissance britannique ralentissait "un peu" mais a souligné qu'elle se maintenait autour de 2% dans certaines régions clés pour Getlink, comme le "Grand Londres".

Le FMI a confirmé début janvier sa prévision d'un ralentissement de l'économie britannique en 2018 à 1,5%, après +1,7% en 2017, et table sur une croissance de 1,5% également en 2019, contre +1,6% attendu auparavant.

Le PDG a toutefois admis que l'objectif de transporter 2,0 millions de camions par an à l'horizon 2020 (contre 1,64 million en 2017) devait être reporté.

Le groupe a vu son trafic de navettes de camions stagner en 2017 et celui des navettes passagers reculer de 1%.

"Il n'y a pas de drame sur le trafic. Nous avons réorienté notre stratégie de façon plus favorable à la croissance de l'Ebitda et à celle du cash-flow", a observé Jacques Gounon.

Le résultat net consolidé ressort à 113 millions d'euros (contre 188 millions, un chiffre qui intégrait 114 millions d'éléments non récurrents).

Le dividende proposé est relevé de 15% à 0,30 euro par action et le groupe se donne pour objectif de le faire progresser de cinq centimes par an.

Le titre Eurotunnel, qui avait décroché au lendemain du vote du Brexit, a regagné une partie du terrain perdu depuis.

A 10,635 euros en clôture mardi, il accusait encore une baisse de 10% par rapport aux 11,82 euros du 23 juin 2016, à la veille du vote britannique.

(Edité par Dominique Rodriguez)