Orange accélère en 2017, la France retrouve la croissance

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(Crédits : Charles Platiau)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

PARIS (Reuters) - Orange va augmenter le montant du dividende reversé à ses actionnaires après avoir confirmé son redressement financier en 2017, porté par le retour à la croissance de ses revenus en France et par des résultats record en Espagne.

Six ans après la tempête provoquée par l'arrivée de Free (Iliad) sur le marché français du mobile, l'opérateur historique a dégagé un chiffre d'affaires de 18,05 milliards d'euros dans l'Hexagone, signant une progression de 0,6% pour la première fois depuis 2009.

"Ce sont des résultats qui confirment totalement la pertinence de notre stratégie", a déclaré à la presse le directeur financier Ramon Fernandez.

Pour enrayer la fuite de ses abonnés vers les prix bas du nouvel entrant, l'ancien monopole a misé sur des investissements massifs dans le déploiement du très haut débit fixe et mobile, ce qui lui a permis de prendre le large sur ses principaux concurrents, en particulier dans la fibre.

Orange a engrangé l'an dernier en France 546.000 nouveaux abonnements à la fibre, un record, pour atteindre un total de deux millions et a vendu 717.000 forfaits mobiles (en net), sa meilleure performance commerciale depuis 2008.

Profitant également du succès du très haut débit et des offres convergentes associant fixe et mobile, Orange a brillé en Espagne, affichant des croissances record de son chiffre d'affaires et de son Ebitda (respectivement +7,1% et +17,0%).

Au global, l'opérateur historique, qui a enregistré des performances plus mitigées en Pologne et sur son segment dédié aux entreprises, a signé l'an dernier un chiffre d'affaires et un Ebitda ajusté en hausse pour la deuxième année consécutive.

ORANGE BANK SÉDUIT 100.000 CLIENTS

Sous la houlette de son PDG Stéphane Richard, en passe d'être reconduit pour un troisième mandat, Orange prévoit de poursuivre sur sa lancée en 2018 en portant ses dépenses d'investissements de 7,21 milliards à 7,4 milliards d'euros, ce qui constituera un pic, a dit l'opérateur.

Le groupe a d'ores et déjà confirmé ses objectifs 2018, tablant notamment sur une croissance de l'Ebitda ajusté supérieure à celle de 2017.

Outre les investissements dans les réseaux, Orange fait le pari de la diversification dans les services financiers.

Lancée en novembre, Orange Bank, qui a enregistré une perte d'exploitation de 93 millions d'euros l'an dernier, devrait avoir engrangé 100.000 clients d'ici début mars, pour les deux tiers issus des rangs des abonnés Orange.

A 15h45, le titre gagnait 0,99% à 13,81 euros, surperformant légèrement l'indice sectoriel européen des télécoms (+0,18%).

En dépit du redressement de ses résultats financiers, le titre ne décolle pas en Bourse même s'il affiche une performance supérieure à la moyenne du secteur depuis un an (-5,4% pour Orange contre -10,5% pour l'indice sectoriel).

"Nous voyons les bases d'un redressement durable : une croissance du chiffre d'affaires mondial et domestique, une visibilité sur les dépenses d'investissement et une inflexion du cash-flow opérationnel dès 2017, deux ans plus tôt que prévu", écrivent les analystes de Kepler Cheuvreux.

Le broker rappelle que l'opérateur se traite avec une décote d'environ 20% par rapport à ses pairs en termes de ratio valeur d'entreprise/Ebitda en dépit de taux de croissance similaires.

L'action d'Orange pâtit notamment de la compétition toujours intense sur le marché français des télécoms, constitué de quatre acteurs après l'échec de plusieurs tentatives de consolidation, dont un projet de rachat de Bouygues Telecom (Bouygues) par Orange.

Les difficultés de SFR, la filiale d'Altice, ont toutefois fait renaître des spéculations.

"Je ne sais pas si nous verrons quelque chose dans les mois à venir (...) Ce qui est certain c'est qu'Orange ne sera pas en première ligne dans quelque schéma de consolidation que ce soit", a expliqué Stéphane Richard lors de la présentation des résultats annuels du groupe aux analystes.

Le titre souffre également des incertitudes sur le devenir des 23% que l'Etat détient au capital d'Orange alors que le gouvernement a engagé un programme de cessions.

"L'Etat fait ses propres évaluations, il n'associe pas les managements des entreprises à ce genre de discussions", a expliqué le PDG lors d'une conférence de presse, estimant qu'Orange ne semblait pas faire partie des priorités.

Interrogé sur son avenir personnel, Stéphane Richard, qui devra comparaître devant un tribunal correctionnel dans le cadre de l'affaire Tapie, a redit qu'il remettrait son mandat à la disposition du conseil lorsque la décision serait rendue.

"On repart pour un mandat avec une équipe remaniée (...) Je me projette dans l'avenir. Je ne suis pas dans la situation du type qui attend que le bourreau vienne le chercher au petit matin", a-t-il précisé, ajoutant que sa nouvelle équipe, internationalisée et féminisée, serait dévoilée le 5 mars.

(Edité par Dominique Rodriguez)