Les agriculteurs maintiennent la pression à trois jours du Salon

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(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Les agriculteurs ont manifesté mercredi dans plusieurs régions en France pour maintenir la pression sur le gouvernement à la veille d'une rencontre entre les jeunes exploitants et Emmanuel Macron à trois jours du Salon de l'agriculture.

A l'appel de la FNSEA, le premier syndicat agricole, et des Jeunes agriculteurs (JA), des opérations escargot et des barrages filtrants ont eu lieu notamment en Bourgogne, dans la Loire, dans l'Ain et en Normandie dans le cadre de cette "journée de l'incohérence".

Une centaine d'agriculteurs venus de toute la région Nouvelle-Aquitaine ont ainsi installé des tracteurs et des vaches devant le Conseil Régional à Bordeaux, avant de mettre le feu à des bottes de paille. A Poitiers (Vienne), une soixantaine de tracteurs ont été utilisés pour des opérations escargot et les agriculteurs ont déversé du lisier et des vieux pneus devant les entrées de plusieurs grandes surfaces.

Parmi les motifs d'inquiétude, les relations avec la grande distribution, qui restent compliquées malgré le projet de loi censé mettre un terme à la guerre des prix, la sortie programmée et progressive du glyphosate, le plan loup ou encore les traités de libre-échange avec le Canada (Ceta) et le Mercosur.

La modification de la carte des "zones défavorisées", qui détermine le versement de l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) hors montagne, est également source de crispations entre l'Etat et les agriculteurs.

Le ministre de l'Agriculture a de nouveau modifié la carte des zones agricoles défavorisées mardi et proposé un dispositif d'accompagnement pour les communes sortantes, sans parvenir à satisfaire le monde agricole.

"Il s'agit d'exprimer l'inquiétude forte des agriculteurs sur le sujet des zones défavorisées et également sur la question des accords commerciaux", a déclaré la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, sur BFM TV.

Certes, "M. Macron tient ses promesses sur la question des prix payés aux producteurs (...), ça c'est un point positif", a-t-elle souligné. "Mais on ne peut pas en même temps dire 'montez en gamme, faites des bons produits" (...) et ouvrir à tout vent les frontières européennes en laissant rentrer des produits qui viennent nous concurrencer avec des qualités très différentes. C'est cette incohérence que nous voulons pointer".

MESURES CONCRÈTES JEUDI?

Malgré les engagements pris par le chef de l'Etat depuis le début de son quinquennat, notamment en faveur de la "juste rémunération" des éleveurs, l'attente reste forte dans les rangs des agriculteurs éprouvés ces dernières décennies par des crises économiques et climatiques.

La "réception de la nouvelle génération agricole", organisée jeudi midi à l'Elysée en présence d'un millier d'agriculteurs de moins de 35 ans et installés en 2017, doit déboucher sur un "certain nombre de mesures concrètes", a prévenu Jérémy Decerle, président des JA.

"On a une agriculture qui est un peu en questionnement et une morosité ambiante puisque toutes les productions sont impactées (...) on a besoin de retrouver un peu de sérénité dans notre métier", a-t-il dit mardi sur Radio Classique.

"Je pense qu'(Emmanuel Macron) va leur dire qu'il les aime mais ils attendent un peu autre chose quand même", a abondé Christiane Lambert.

Car des inconnues demeurent sur plusieurs dossiers, notamment sur la question de la réforme de la politique agricole commune (PAC). Emmanuel Macron a défendu lors des voeux au monde agricole en janvier "une PAC aux ambitions préservées" mais sans donner plus de détails sur les attentes de la France en terme de budget.

Quant au plan d'action du gouvernement visant à réduire l'utilisation des pesticides dans l'agriculture, il reste encore à être détaillé - il sera finalisé fin mars à l'issue d'une période de concertation - tout comme le plan d'investissement de cinq milliards d'euros sur cinq ans promis pendant la campagne présidentielle.

"L'idée est de pouvoir avoir un dialogue très direct", a indiqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveux à l'issue du conseil des ministres, rappelant qu'une rencontre similaire avec les maires en novembre à l'Elysée avait permis de "lever des caricatures et des incompréhensions".

(Marine Pennetier, avec Claude Canellas, édité par Yves Clarisse)