SNCF : Les régions ne paieront pas seules pour les petites lignes

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Sncf: les regions ne paieront pas seules pour les petites lignes[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

PARIS (Reuters) - Les régions ne paieront pas seules pour sauver les petites lignes SNCF, a déclaré mercredi le président de l'association Régions de France, après une rencontre avec Edouard Philippe.

Hervé Morin a salué l'assurance donnée par le Premier ministre qu'aucune fermeture unilatérale ne serait décidée par l'exécutif et a souhaité que le financement des petites lignes soit examiné en rouvrant les contrats de plan Etat-Régions.

"On va être vigilant mais très clairement l'analyse au cas par cas dans le cadre d'un dialogue est intégrée par le gouvernement, c'est ce que nous voulions. Après on verra comment tout cela est financé", a-t-il dit à des journalistes.

Edouard Philippe et la ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui consultent avant de préparer une réforme de la SNCF potentiellement explosive, se sont engagés à ce qu'aucune ligne ne soit fermée sans concertation avec les régions.

Le Premier ministre, qui juge que la survie de la SNCF est en jeu, dévoilera lundi le calendrier et la méthode retenus.

Examiner la pertinence des milliers de kilomètres de lignes peu utilisées figure parmi les 43 recommandations du rapport Spinetta remis au gouvernement, qui prône aussi notamment d'arrêter les embauches sous le statut de cheminot.

Pour Hervé Morin, la solution pour les plus petites lignes (catégories 7 à 9) est dans la réouverture des contrats de plan.

"Des priorités apparaissent aujourd'hui qui n'apparaissaient pas hier", a-t-il dit. "La loi sur les mobilités ouvre des nouvelles modalités de financement" et des régions ont entre-temps fusionné.

Il faut, a-t-il poursuivi, que ce travail "nous permette de pouvoir régler la question de la rénovation de ces lignes 7 à 9 dans un dialogue dans lequel l'Etat et les régions sont ensemble, comme elles le sont aujourd'hui, puisqu'il n'est pas question pour nous un seul instant que les régions paient 100% de la rénovation de ces lignes".

Il est "trop tôt" pour parler de montant, a-t-il précisé.

Selon le rapport Spinetta, la France a conservé nettement plus de lignes peu utilisées que ses voisins.

Ses auteurs soulignent que 90% des voyageurs-km (unité de mesure du trafic) se concentrent sur un tiers du réseau, alors que près de 45% du réseau ne supportent que 2% des voyageurs-km.

"Il y a donc un paradoxe", écrivent-ils. "Le gestionnaire d'infrastructures ne dispose pas des moyens nécessaires pour développer la performance du réseau qui supporte 90% des trafics et il doit s'endetter lourdement", tandis que "l'Etat et les régions consacrent plus de 2 milliards par an à des lignes qui ne supportent que 2% des trafics".

Selon le rapport, le système ferroviaire a représenté en 2016 un coût brut de 10,5 milliards d'euros, plus 3,2 milliards de subvention d'équilibre au régime de retraite SNCF.

Le déficit s'élève quant à lui à environ 3 milliards par an.

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)