Grande-Bretagne : La croissance à la traîne, interrogations sur les taux

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Grande-bretagne: la croissance du 4e trimestre revisee en baisse a 0,4%[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

par David Milliken et William Schomberg

LONDRES (Reuters) - La croissance britannique a été moins forte qu'initialement estimé en 2017, montrent les chiffres révisés publiés jeudi, laissant le pays, qui se prépare à sortir de l'Union européenne (UE), en dehors de la dynamique de reprise mondiale.

La révision en baisse de la croissance du quatrième trimestre et de l'ensemble de l'année soulève en outre des interrogations concernant la vigueur de l'économie alors que la Banque d'Angleterre (BoE) prépare les esprits à une nouvelle hausse de taux.

Le produit intérieur brut a progressé de 0,4% en octobre-décembre par rapport aux trois mois précédents, alors que les économistes s'attendaient à ce que l'Office de la statistique nationale (ONS) confirme sa première estimation de 0,5%.

Sur l'ensemble de 2017, la croissance britannique a également été révisée en baisse de 0,1 point à 1,7%, à son plus bas niveau depuis 2012 et contre un rythme de 1,9% en 2016.

Cela reste meilleur que ce que redoutaient beaucoup d'économistes après le vote en faveur de la sortie de l'UE en juin 2016.

Le pays s'est appuyé sur la croissance mondiale étonnamment robuste pour soutenir son économie alors que les ménages ont souffert de l'accélération de l'inflation déclenchée par la chute de la livre sterling depuis le référendum sur le Brexit.

La livre a faiblement réagi aux chiffres du PIB et le prix des obligations d'Etat (Gilts) a légèrement augmenté.

Selon Alan Clarke, économiste chez Scotiabank, ces données reflètent une croissance à peu près conforme aux attentes de la BoE, ce qui signifie qu'une hausse des taux reste d'actualité.

Mais pour Samuel Tombs, de Pantheon Macroeconomics, la statistique devrait retarder tout relèvement de taux.

"Le dernier chiffre du PIB suggère que l'économie reste fragile et n'a pas besoin d'être freinée par une nouvelle hausse de taux dès le mois de mai", écrit-il dans une note à ses clients.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney a récemment durci le ton en déclarant que les taux devraient probablement être relevés plus tôt qu'il ne le pensait en novembre, lors du premier relèvement en dix ans.

La plupart des économistes tablent sur une hausse des taux d'intérêt britanniques en mai et les marchés financiers anticipent un nouveau relèvement, à 1%, d'ici la fin de l'année.

En variation annuelle, la croissance du quatrième trimestre a elle aussi été revisée en baisse, à 1,4% au lieu de 1,5%, à son plus bas niveau en cinq ans. Il s'agit du rythme le plus faible de toutes les économies du G7, y compris des pays traditionnellement à la traîne comme le Japon et l'Italie.

"Quelques révisions mineures aux secteurs minier, de l'énergie et des services ont suffi à faire baisser l'estimation globale de la croissance", a précisé Darren Morgan, statisticien à l'ONS.

La consommation des ménages à progressé de 1,4% en rythme annuel au quatrième trimestre, après +1,3% au troisième.

L'investissement des entreprises a stagné d'un trimestre à l'autre et a progressé de 2,1% sur un an, tandis que le commerce extérieur a apporté une contribution négative de 0,5 point.

Le 8 février, la Banque d'Angleterre a revu à la hausse sa projection de croissance pour cette année, à 1,8% au lieu de 1,6%, principalement en raison de la vigueur de l'économie mondiale.

(Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français)