Les jeunes agriculteurs français entre espoir et scepticisme

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Les jeunes agriculteurs francais entre espoir et scepticisme[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - "On a eu les paroles, on attend maintenant les actes" : les jeunes agriculteurs reçus jeudi à l'Elysée par Emmanuel Macron à deux jours du Salon de l'agriculture oscillaient entre espoir et scepticisme après le discours offensif du chef de l'Etat qui leur a promis la fin d'un statu quo "mortifère".

"Il a répondu à nos attentes au niveau du discours mais il manque les chiffres", estime Paul, éleveur laitier de 26 ans dans la Loire, installé il y a un an. "On est payé actuellement 330 euros les 1.000 litres mais pour vivre correctement il nous faudrait 380-400 euros les 1.000 litres".

"Ce ne sont pas les consommateurs qui doivent payer plus cher, il y a une marge à répartir, s'il arrive à les faire payer (les distributeurs), on sera très content et on pourra le féliciter mais pour l'instant on attend de vrais actes", ajoute-t-il.

Installée depuis moins de deux ans dans les Deux-Sèvres, Claire ne cache elle pas son amertume. Cette éleveuse de moutons de 30 ans est touchée de plein fouet par la refonte de la carte des "zones défavorisées", qui détermine le versement de l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) hors montagne.

"On nous a fait compter ces aides dans un prévisionnel alors que depuis 2003 tout le monde savait qu'elles étaient censées disparaître à terme", note-t-elle. "Il aurait été bien de nous dire de ne pas les prendre en compte, cela nous aurait évité de partir dès le départ sur de mauvaises bases".

"L'ICHN représente entre 5.000 et 6.000 euros. Aujourd'hui, je ne me paye pas, je suis mère de trois enfants, si dans deux ans je n'ai plus cette aide, je devrai arrêter mon exploitation", ajoute-t-elle. Quant aux mesures d'accompagnement, "des promesses c'est bien, la mise en place c'est mieux".

Même prudence chez Anaïs, éleveuse de vaches de 25 ans en Haute-Garonne, qui s'inquiète pour sa part du traité de libre échange actuellement négocié entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun d'Amérique latine.

Tous les chefs d'Etat ont "plus ou moins promis des lignes rouges mais on n'a jamais vraiment vu le résultat", estime-t-elle. "J'espère qu'il tiendra bon et qu'il réussira à faire respecter les intérêts des agriculteurs français, je croise les doigts".

Selon le ministère de l'Agriculture, le revenu moyen d'un agriculteur a chuté de 29 % pour s'établir à 18.300 euros par an en 2016 en France. Il pourrait rebondir en 2017 selon l'Insee qui table sur une progression de 22,2 %.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)