Syrie : Le vote à l'Onu sur une trêve de 30 jours reporté à aujourd'hui

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Syrie: le vote a l'onu sur une treve de 30 jours reporte a aujourd'hui[reuters.com]
(Crédits : Brendan Mcdermid)

NATIONS UNIES (Reuters) - Le vote au Conseil de sécurité des Nations unies d'une résolution instaurant un cessez-le-feu de 30 jours en Syrie a été repoussé à samedi midi (17h00 GMT), a-t-on appris vendredi soir auprès de diplomates à l'Onu.

Le but de cette trêve est de mettre fin aux bombardements de l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, zone rurale densément peuplée à l'est de Damas, pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et l'évacuation des blessés et des malades.

Le Conseil de sécurité devait se prononcer vendredi à 11h00 (16h00 GMT) sur le projet de résolution écrit par la Suède et le Koweït, et soumis aux 15 membres il y a deux semaines.

Mais les négociations pour permettre de présenter un texte acceptable par la Russie, principal allié du régime syrien, n'ont pu se terminer à temps.

"Nous n'avons pas été capables de rapprocher complètement nos positions", a déclaré Olof Skoog, ambassadeur de la Suède auprès de l'Onu. "Nous n'allons pas abandonner. J'espère que nous allons adopter demain quelque chose de fort, de significatif."

Les discussions se sont focalisées sur la formulation du paragraphe demandant spécifiquement l'arrêt des hostilités pour 30 jours, avec une possible entrée en vigueur 72 heures après le vote, a expliqué l'ambassadeur du Koweït auprès des Nations unies, Mansour Ayyad al Otaibi.

"C'est incroyable que la Russie fasse traîner un vote sur un cessez-le-feu permettant l'acheminement de l'aide humanitaire en Syrie", a réagi via Twitter l'ambassadrice américaine auprès de l'Onu, Nikki Haley.

PLUS DE 462 PERSONNES TUÉES DEPUIS DIMANCHE

Dans le cadre de l'un des assauts aériens les plus violents en sept ans de guerre civile, l'enclave rebelle de la Ghouta orientale a à nouveau été bombardée vendredi, pour le sixième jour consécutif.

Le nombre de victimes civiles et les dégâts causés constituent un des moments de la guerre civile syrienne les plus terribles depuis la reprise par le gouvernement des parties d'Alep tenue par les rebelles en 2016.

Au total, depuis dimanche dernier, pas moins de 462 personnes, dont une centaine d'enfants, ont été tuées et plusieurs centaines ont été blessées, selon un décompte établi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les rebelles de la Ghouta déclarent que la présence dans le secteur d'un petit groupe de combattants de l'ex-Front al Nosra, ancienne branche syrienne d'Al Qaïda, sert constamment de prétexte à Damas et Moscou pour assiéger et bombarder l'enclave.

Une évacuation de combattants, de leurs familles et d'autres civils, comme ce fut le cas à Alep pour mettre fin à la rébellion, est inenvisageable, ont annoncé les rebelles.

"Nous refusons catégoriquement toute initiative qui comprend de déplacer les habitants loin de chez eux", a écrit une faction rebelle dans un lettre transmise au Conseil de sécurité de l'Onu.

La Ghouta orientale, qui abrite quelque 400.000 habitants, est l'une des zones de "désescalade" définies par la Russie, l'Iran et la Turquie pour favoriser des trêves localisées en Syrie, mais les combats n'y ont jamais cessé.

PRESSION SUR LA RUSSIE

Tous les yeux sont tournés vers la Russie, alliée du président syrien Bachar al Assad, dont un veto, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, empêcherait le texte de pouvoir être voté.

Depuis le début du conflit syrien, la Russie, intervenue militairement en 2015 en soutien des forces pro-gouvernementales syriennes, a opposé par onze fois son veto à des projets de résolution du Conseil de sécurité consacré à la Syrie.

Un projet de résolution doit obtenir neuf votes favorables et ne pas faire l'objet du veto d'un membre permanent du Conseil (Russie, Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne et France) pour être adopté.

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont écrit au président russe, Vladimir Poutine, pour lui demander de contribuer à l'adoption du texte.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré vendredi vouloir des garanties pour que les combattants rebelles de la Ghouta ne tirent pas sur les zones résidentielles de Damas.

Leurs tirs ont pour l'instant fait un mort et 58 blessés selon les médias syriens.

Des organisations caritatives ont déclaré que les avions de guerre avaient frappé une douzaine d'hôpitaux dans la zone, les rendant de ce fait incapables de soigner les blessés.

L'OSDH, basé à Londres, a précisé que des avions de chasse gouvernementaux ainsi que des unités d'artillerie avaient frappé les localités de Douma, Zamalka et d'autres aux premières heures du jour, vendredi.

Interrogé par téléphone, un témoin résidant à Douma a dit que le bombardement subi par la ville vendredi matin était le plus violent depuis le début de la semaine.

La Défense civile de la Ghouta orientale a pour sa part déclaré que ses équipes de secours s'étaient précipitées dans les villes de Hammouriyeh et Sakba pour aider les blessés touchés par les bombes.

Cette organisation, présente dans les zones aux mains des rebelles, a dit avoir déjà secouru au cours des derniers jours des centaines de personnes prises sous les gravats.

Staffan de Mistura, l'émissaire de l'Onu pour la Syrie, a estimé qu'il fallait un cessez-le-feu de toute urgence pour mettre un terme au bombardement "atroce" de la Ghouta orientale ainsi qu'aux tirs de mortier aveugles sur Damas.

(Michelle Nichols et Ellen Francis, avec Dahlia Nehme à Beyrouth et Stephanie Nebehay à Genève; Danielle Rouquié et Jean Terzian pour le service français)