Les syndicats de la SNCF gardent la grève pour plus tard

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Le gouvernement tente d'ecarter le risque d'un conflit a la sncf[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Les syndicats de la SNCF ont décidé mardi d'attendre le 15 mars avant de partir ou non en grève contre la réforme de l'entreprise ferroviaire du gouvernement, qui se dit de son côté persuadé que la concertation permettra d'éviter un conflit dur.

Les fédérations CGT, Unsa, Sud et CFDT de la SNCF, réunies mardi pour se prononcer sur l'opportunité d'entamer une grève unitaire, ont averti que le recours aux ordonnances serait le facteur déclenchant d'un tel mouvement.

"Le message qui est porté est : s'il y a un projet d'habilitation (en vue des ordonnances-NDLR) qui est déposé au conseil des ministres mi-mars, il y aura préavis de grève reconductible qui sera décidé", a dit Erik Meyer Sud-Rail.

"Avec la mise en place du service minimum, il y a plusieurs phases avant de déclencher un préavis de grève. Aujourd'hui, à quatre fédérations syndicales, on décide d'enclencher cette première phase qui est l'alarme sociale."

Didier Aubert, de la CFDT, qui proposait une grève reconductible à partir du 14 mars, a souhaité maintenir l'unité en se rangeant à l'avis des autres syndicats.

"On aurait été plus faibles d'y aller en ordre dispersé, le fait de déposer une alarme sociale unitaire dès demain va prouver au gouvernement que les organisations syndicales se sont mises d'accord sur un front commun de revendications", a-t-il dit.

Le gouvernement a, lui, tenté de désamorcer la tension.

Bruno Le Maire a répondu mardi sur France 2 aux mises en garde de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui avait dit la veille dans les Echos qu'il ne "laisserait personne cracher à la figure des cheminots".

"Personne n'a envie de cracher à la figure des cheminots", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances, démentant tout bras de fer. "Si on aime la SNCF, ce qui est mon cas, il faut cette transformation", a-t-il assuré tout en précisant que l'éventuelle reprise par l'Etat de la dette de la SNCF serait conditionnée à la mise en oeuvre de la réforme.

BONS RÉSULTATS

Il s'agit d'une des conditions posées par le Premier ministre Edouard Philippe lundi en présentant la réforme, qui passe notamment par la fin du statut du cheminot.

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a dit quant à elle sur BFM TV souhaiter le dialogue et la concertation, dès une réunion proposée jeudi aux organisations syndicales.

"Le rapport de force, ce n'est pas ce que souhaite le gouvernement, le gouvernement souhaite la concertation, deux mois de concertation", notamment sur le calendrier de l'ouverture à la concurrence et celui de la fin du statut des cheminots, a-t-elle déclaré.

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin a écarté pour sa part la perspective de longues semaines de paralysie à la SNCF, estimant que les syndicats seraient "responsables".

"Je ne crois pas un seul instant que des syndicats, y compris la CGT, qui sont responsables, qui connaissent leur outil de travail, qui aiment leur métier sont capables de prendre en otage les Français pendant de très longues semaines", a-t-il déclaré sur RTL.

"Les Français, et les usagers en particulier, sont tout à fait conscients qu'il y a un sujet à la SNCF, que c'est une entreprise à sauver", a-t-il déclaré.

"Beaucoup se souviennent de 1995, je crois qu'on n'est pas du tout dans la même ambiance", a-t-il dit en référence aux trois semaines de grève qui avaient mis à l'arrêt les transports publics et fait reculer le gouvernement sur un plan de réforme du rail et des retraites présenté par le Premier ministre d'alors, Alain Juppé.

La SNCF a publié mardi ses résultats pour l'année 2017, qui témoignent d'une progression du chiffre d'affaires et d'une "forte hausse de la fréquentation".

Selon une étude réalisée par RMC, Atlantico et Harris Interactive, 43 % des Français soutiennent les grèves et manifestations envisagées contre la réforme de la SNCF mais 69% sont pour la fin du statut du cheminot.

(Julie Carriat et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)