L'autorité britannique des médias menace la chaîne russe RT

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LONDRES (Reuters) - L'autorité britannique de régulation des médias, Ofcom, a dit mardi que le réseau russe d'information continue RT pourrait perdre ses licences au Royaume-Uni si le gouvernement de Theresa May détermine que Moscou est responsable de l'empoisonnement de l'ancien agent double Sergueï Skripal.

Londres a donné jusqu'à mardi minuit à la Russie pour s'expliquer sur le fait que Skripal a été agressé à l'aide d'un agent innervant fabriqué en URSS dans les années 1970 et 1980. Moscou a rejeté l'ultimatum. Theresa May refera un point sur le dossier mercredi devant le Parlement.

Dans un communiqué, RT (Russia Today), qui est financé par l'Etat russe, a manifesté son désaccord avec la position de l'Ofcom, assurant "continuer à respecter toutes les normes".

"L'Ofcom mélange son rôle de régulateur des médias avec des affaires d'Etat", a jugé RT.

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a averti de son côté que Moscou n'autoriserait plus aucun média britannique à opérer en Russie si RT perdait ses licences. Aucun pays ne devrait menacer une puissance nucléaire, a-t-elle ajouté à l'adresse de Londres.

S'exprimant sur la chaîne Rossiya 1, Zakharova a aussi mis en garde le gouvernement britannique, affirmant que personne ne devrait menacer un Etat détenteur de l'arme nucléaire.

Vladimir Poutine qui est assuré d'être réélu le 18 mars a récemment annoncé que la Russie disposait désormais de toute une gamme de nouvelles armes stratégiques. Dans un discours particulièrement belliqueux, il a affirmé pouvoir être en mesure de frapper n'importe quel point du globe avec des missiles capables d'échapper au bouclier américain.

Zakharova a critiqué le discours prononcé par Theresa May lundi devant la Chambre des communes. "Personne ne peut se présenter devant le parlement de son pays et dire : je donne 24 heures à la Russie", a-t-elle dit à l'agence RIA.

"Quand les services des affaires étrangères d'un pays sont dirigés par quelqu'un qui n'a absolument rien affaire avec la politique étrangère, qui bâtit sa carrière sur le populisme, il est normal qu'il finisse par brandir des menaces. N'essayez pas de nous effrayer", a-t-elle poursuivi, apparemment en référence à Boris Johnson.

Présente dans une centaine de pays, RT affirme couvrir une information qui est négligée par la presse généraliste et fournir à ses auditeurs des perspectives différentes sur les affaires actuelles, tout en exposant le point de vue de la Russie.

(Kate Holton et Paul Sandle, avec Andreï Ostroukh à Moscou; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)