Un accord de principe "à la hauteur" à Mayotte

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Accord de principe a mayotte, levee de barrages attendue[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Les barrages routiers qui paralysent Mayotte depuis bientôt quatre semaines ont commencé à être levés mercredi, au lendemain de la conclusion d'un accord de principe entre l'Etat, les élus, les syndicats et les collectifs de citoyens.

La ministre française des Outre-mer, Annick Girardin, s'est engagée mardi à l'issue de plusieurs heures de négociations à renforcer la sécurité, la lutte contre la délinquance et l'immigration dans le département en proie à une vive contestation sociale depuis le 20 février.

Dans un communiqué, elle "salue la qualité et la franchise des échanges entre chacune des parties qui permettent à Mayotte d'écrire une nouvelle page pour son avenir".

"Sur ce territoire l'Etat se renforcera, l'Etat sera davantage présent. L'Etat jouera tout son rôle. Dans un mois on doit rendre notre travail collectif pour qu'il soit ensuite approuvé", a-t-elle déclaré à la presse à l'issue de la réunion.

Fathou Ibrahim, porte-parole du collectif des citoyens, a annoncé pour sa part: "La grève n'est pas terminée mais on suspend le mouvement pendant un mois le temps de vérifier que les paroles de l'Etat (...) sont des paroles fiables et nous avons demandé toutes les garanties pour que nous puissions juger de cela."

Les collectifs et l'intersyndicale se sont engagés à débloquer les barrages au cours de la matinée de mercredi.

"Les barrages ne sont pas à ce stade entièrement levés mais on a de bonnes raisons de croire que nous allons pouvoir progresser", a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à l'issue du conseil des ministres. "En tout cas la situation connaît une amélioration."

"PAS DE TABOU"

Les maires de Mayotte ont promis quant à eux d'organiser l'élection législative partielle prévue les 18 et 25 mars dans la première circonscription du département, après l'annulation de l'élection en juin de la députée Ramlati Ali (LaRem) par le Conseil constitutionnel.

"Nous n'avons pas été à la hauteur collectivement de l'accompagnement de ce 101e département. Oui, il fallait renouer le dialogue et oui, il fallait aller sur place", a déclaré Annick Girardin lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, à son retour de Mayotte.

"Il fallait (...) une réponse à la hauteur de la première problématique du territoire, c'est-à-dire les violences qui sont quotidiennes, la sécurité des Mahoraises et des Mahorais, mais aussi de répondre à la question de l'immigration, de la lutte contre l'immigration, sans se cacher derrière son petit doigt, en mettant tout sur la table, en n'ayant pas de tabou", a-t-elle déclaré.

Les Mahorais sont confrontés à une immigration massive en provenance des Comores voisines, où le niveau de vie est inférieur à celui de Mayotte.

Pour lutter contre "l'abus du droit du sol", Annick Girardin a annoncé la création d'un "groupe dédié" visant à donner un "statut extraterritorial" à la maternité de Mayotte, la première de France en termes de naissances, afin qu'une admission en son sein ne permette pas automatiquement d'obtenir la nationalité française.

La ministre des Outre-mer a rappelé en outre que 35 mesures, dont une quinzaine proposées par le collectif, avaient été retenues pour le département.

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)