Le choix de Delais à la tête de la chaîne LCP critiqué

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Le documentariste bertrand delais designe pdg de la chaine parlementaire (lcp)[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Bertrand Delais, auteur de deux documentaires sur Emmanuel Macron, a été désigné mercredi président-directeur général de La Chaîne parlementaire (LCP), un choix critiqué par l'opposition de droite comme de gauche dans les couloirs de l'Assemblée.

Trois candidats avaient été retenus par le comité de sélection : la présidente sortante de LCP Marie-Eve Malouines, le journaliste Thierry Guerrier et le documentariste Bertrand Delais.

Un comité composé de 14 députés (6 LaRem, 2 LR, 2 NG, 1 MoDem, 1 UDI, Agir et Indépendants, 1 LFI) a attribué à Bertrand Delais la meilleure "note" à l'issue d'un processus de sélection, avec un moyenne de 14,8/20 (contre 13,48 et 13,39 pour ses concurrents), souligne la présidence de l'Assemblée nationale dans un communiqué.

Les 22 membres du Bureau de l'Assemblée nationale ont ensuite procédé à un vote, favorable à une marge relativement étroite à ce dernier candidat, avec 12 voix pour, 7 contre, et une abstention de François de Rugy, le président de l'institution, a-t-on appris de source parlementaire.

Bertrand Delais a notamment réalisé en 2017 "Macron, en marche vers l'Elysée", un documentaire qui s'appuie sur une série d'entretiens avec le candidat à l'élection présidentielle.

Sa nomination à la tête de LCP a été dénoncée par le député Les Républicains Eric Ciotti, pour qui "c'est un ami" du chef de l'Etat qui a ainsi été désigné.

"Le pouvoir veut tout contrôler", a-t-il dit à la presse, décrivant Bertrand Delais comme "quelqu'un qui revendique son amitié au pouvoir", un "collaborateur zélé du pouvoir en place".

"C'est le verrouillage de plus en plus manifeste de l'audiovisuel, aussi, qui est en marche", a-t-il ajouté.

Le député LR Philippe Gosselin est allé dans le même sens, évoquant "quelqu'un qui a sans doute du talent, qui est un professionnel, mais qui est surtout un thuriféraire du pouvoir".

"Sans faire de procès d'intention, j'ai plutôt l'impression que le pouvoir va chercher à orienter les informations, la ligne éditoriale et je ne vois pas cela d'un très bon oeil", a-t-il dit.

La France insoumise s'est elle aussi élevée contre une décision "éminemment politique" et "autoritaire". Aux yeux de la députée LFI Clémentine Autain, Bertrand Delais est "tout simplement un militant de la République en marche".

"Toutes les oppositions ont dit que ce geste politique était inacceptable", a-t-elle déclaré. "C'est un symptôme d'un pouvoir autoritaire".

(Julie Carriat et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)