Les syndicats exhortent le gouvernement à changer de méthode

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - La CGT, la CFDT et FO ont exhorté mercredi le gouvernement à changer de méthode et à rompre avec "l'austérité" pour éviter un conflit social majeur alimenté par la grogne montante chez les cheminots, les fonctionnaires et les retraités.

Mais à l'orée d'une semaine brûlante d'actualité sociale, l'exécutif ne semble pas prêt à transiger, la plupart des syndicalistes et des analystes écartant le spectre d'une grande grève paralysante comme en 1995.

Le point de départ est la présentation ce mercredi du projet de loi d'habilitation pour réformer la SNCF par ordonnances, qui suscite une vive colère chez les cheminots.

Les quatre syndicats majoritaires de la SNCF - la CGT-Cheminots, l'UNSA-ferroviaire, SUD-Rail et CFDT-Cheminots - se rencontreront jeudi pour décider de la tenue d'un mouvement de grève, unitaire ou non, et de son ampleur. Ils ont déjà annoncé qu'ils manifesteraient à Paris le 22 mars aux côtés des fonctionnaires.

Les retraités manifesteront pour leur part jeudi afin de dénoncer la dégradation de leur niveau de vie à la suite de l'augmentation de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (CSG) qui finance la baisse des cotisations des salariés du privé.

Ils seront rejoints par les travailleurs des Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui réclament l'abrogation de la réforme de la tarification. Cette mesure se traduira, selon eux, par une suppression massive de postes et une prise en charge dégradée des résidents.

"Les nuages s'amoncellent les 15 et 22 mars à la suite des divers foyers allumés par le gouvernement", a prévenu le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, sur le site internet de son organisation.

"Ce sont bien les décisions des gouvernements au niveau européen qui ont ouvert le rail (fret et voyageurs) à la concurrence. C'est bien également la restriction budgétaire qui pénalise le fonctionnement des Ehpad et l'augmentation de la CSG qui attaque le pouvoir d'achat des retraités", a-t-il ajouté.

"LE CAMPS DU 'ON FOUT TOUT EN L'AIR'"

Il invite le gouvernement à "rompre avec ces restrictions (...) tant au niveau national qu'européen", mettant en garde contre des inégalités en France "qui ne se résorbent pas" et encouragent "la montée des populismes".

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, dit pour sa part vouloir "éviter un mouvement social" mais demande au gouvernement de changer de méthode.

"Soit on choisit l'affrontement et dans ce cas, on aura le camp du statu quo contre le camp du 'on fout tout en l'air', soit on choisit la vraie concertation et on trouve les voies de passage", a-t-il dit sur Europe 1.

Il explique avoir été "agacé" d'apprendre "par une alerte média" que le gouvernement comptait mettre en place sa réforme de la SNCF par ordonnances.

Pour lui, "le vrai sujet ce n'est pas la question de savoir s'il y a un mouvement social ou pas", mais "comment on l'évite".

Cela passe, selon lui, par une discussion de fonds et la fin d'une stigmatisation des cheminots. "On a présenté trop souvent les cheminots comme des ultra-priviligiés et ce n'est pas la réalité", a-t-il dit.

Pour son homologue de la CGT, Philippe Martinez, "le gouvernement cherche le conflit". "Si le gouvernement ne prend pas en compte et ne contribue pas à ce qu'il y ait un dialogue constructif, oui, (la grève) sera inévitable, et c'est eux qui en porteront la responsabilité", a-t-il dit sur CNews.

PAS DE CHANGEMENT DE CAP

Mais le gouvernement, qui affirme être à l'écoute, ne semble pas du tout prêt à remiser ses ambitions réformatrices.

Dans une interview aux Echos publiée mardi, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a défendu le bouclage avant l'été de la transformation de la SNCF par le biais d'ordonnances et de consultations, au lendemain de la présentation par la CGT d'un projet de réforme alternatif.

Les retraités ne doivent pas non plus attendre un changement de cap.

"L'inquiétude des retraités résulte de la décision sur la CSG clairement expliquée pendant la campagne", dit-on à l'Elysée. "Le président de la République avait mis le travail comme un élément essentiel de son projet pour la France, ça implique des sacrifices dont on est conscient, ça fait partie de la solidarité nationale qu'on demande à tous les Français."

Enfin, pas question de relancer la dépense publique dans un pays endetté, lanterne rouge de l'UE en matière de déficits.

"Il faut respecter nos engagements européens et la dette de la France est colossale, cette situation n'a pas changé, la trajectoire ne change pas, à notre connaissance il n'y a pas tout d'un coup une résorption de la dette française", explique-t-on à l'Elysée.

(Caroline Pailliez, avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)