par Pascale Denis et Dominique Vidalon

PARIS (Reuters) - Leclerc se donne trois ans pour faire sa place dans la distribution alimentaire à Paris, où il s'apprête à lancer son service de livraison à domicile et à affronter Carrefour, Casino et le géant américain Amazon.

Leclerc, qui ne dispose pas de magasins dans la capitale, prévoit aussi d'y ouvrir une quinzaine de "drive" piétons ainsi que 40 à 50 dépôts-relais, où les clients pourront venir chercher leur produits commandés en ligne, a déclaré à Reuters Michel-Edouard Leclerc, président du groupement de distributeurs indépendants.

Il envisage également d'ouvrir des hypermarchés dans Paris, avec un premier magasin prévu d'ici à 2020 près de la gare Montparnasse.

"Leclerc va s'installer à Paris de façon omnicanale. Il nous faudra trois ans pour devenir un acteur important sur le marché parisien", a-t-il dit.

Le géant américain du e-commerce a lancé son service de livraison express "Amazon Prime" à Paris en 2016 mais a besoin de trouver des accords d'approvisionnement, et ses manoeuvres d'approche obligent les distributeurs à accélérer leur transformation digitale.

Système U, cinquième du secteur, a dit discuter d'une éventuelle alliance avec lui mais qu'un accord était encore loin d'être finalisé.

Pour Michel-Edouard Leclerc, les visées d'Amazon constituent une opportunité pour les distributeurs français.

"Amazon nous force à réagir. Il faut apprendre à être bon en logistique et la différence ne se fera pas sur la rapidité mais sur la qualité des produits", a-t-il dit, estimant qu'il "n'est pas du tout acquis qu'Amazon vienne bousculer le marché français pendant longtemps".

PAS DE SUITE AVEC AMAZON

Alors qu'il avait déclaré discuter d'une éventuelle alliance avec l'américain dans la logistique, en octobre 2017, Michel-Edouard Leclerc a précisé n'avoir finalement pas donné suite et avoir préféré développer sa propre distribution.

"Nos préférons être distribués par nous-mêmes plutôt que de laisser Amazon s'approprier note image commerciale", a-t-il dit.

Pressés d'accélérer dans le digital, les distributeurs ont réagi.

Auchan s'est allié au chinois Alibaba, Casino au britannique Ocado, Carrefour a noué une alliance en Chine avec Tencent et annoncé un plan d'investissement de 2,8 milliards d'euros pour rattraper son retard dans le e-commerce.

Le groupement Leclerc compte 774 magasins, dont 681 en France, pour une chiffre d'affaires de 37,2 milliards d'euros.

Leclerc est devenu en 2017 le premier distributeur alimentaire en France devant Carrefour, grâce à des prix très bas qu'il compte appliquer aussi à son service de livraison à domicile "Leclerc chez moi".

Le service, qui sera lancé le 26 mars dans les arrondissements du nord de Paris et à partir de la mi-mai dans ceux du sud, pratiquera des prix qui seront 15% à 20% inférieurs à ceux de la concurrence, a assuré Michel-Edouard Leclerc.

Il coûtera moins de dix euros pour des commandes comprises en 100 et 180 euros et gratuit au-delà.

Il s'appuiera dans un premier temps sur un entrepôt de 10.000 mètres carrés situé à Pantin, au nord de Paris, qui comptera 9.500 références, dont des produits frais, bio et de l'épicerie.

Michel-Edouard Leclerc a dit viser un chiffre d'affaires d'environ 200 millions euros à Paris d'ici trois ans.

Le groupe réalise plus de 7% de ses ventes alimentaires en ligne grâce au déploiement massif de ses "drive", ces points de retrait proches des hypermarchés où les clients viennent chercher leurs commandes passées en ligne.

(Edité par Dominique Rodriguez)