Faible mobilisation des fonctionnaires contre Macron

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Nouvelle journee d'action des fonctionnaires en france[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - La troisième journée d'action de fonctionnaires depuis l'élection d'Emmanuel Macron a faiblement mobilisé mardi, malgré un appel unitaire des syndicats représentatifs qui protestent notamment contre le gel du point d'indice et la suppression annoncée de 120.000 postes d'ici à 2022.

Quelque 140 défilés étaient prévus pour une démonstration de force que les syndicats, unis comme lors de la première journée d'action du 10 octobre, espéraient d'ampleur. Le 22 mars, dernière mobilisation des fonctionnaires, la CFDT et l'UNSA n'avaient pas participé à la mobilisation.

Mais le ministère de l'Intérieur n'a compté que 124.000 personnes dans les rues de France, la CGT évoquant quant à elle des "centaines de milliers" de manifestants.

Ce chiffre est à comparer avec les 323.000 manifestants qui avaient manifesté le 22 mars dans toute la France et aux 209.000 de la mobilisation du 10 octobre, selon la police.

"On aurait pu évidemment espérer beaucoup mieux, surtout qu'il y a cette unité syndicale qui est totale", a déclaré sur BFMTV la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison.

"Nous savons que les risques pour la fonction publique sont là", a-t-elle ajouté. "Peut-être que les agents ne croient pas que le gouvernement puisse les entendre."

Pour la première fois depuis 2010, les dirigeants syndicaux ont ainsi défilé ensemble. Cette mobilisation a touché l'éducation, les transports, l'énergie, la santé, l'audiovisuel ou encore la fonction publique territoriale. La fonction publique compte quelque 5,7 millions d'agents.

15.000 PERSONNES À PARIS

En fin de journée, le taux de participation au mouvement de grève s'élevait à 10,29% dans la fonction publique d'Etat (contre 12,80% lors de la dernière journée de mobilisation des fonctionnaires, le 22 mars), à 6,57% dans la fonction publique territoriale (contre 8,11% en mars) et à 7,5% dans la fonction publique hospitalière (contre 10,9%), selon le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Le mouvement de grève a été suivi par 12,57% des enseignants, selon le ministère de l'Education nationale, en baisse par rapport au 22 mars (14,54%).

A Paris, la mobilisation a réuni 15.000 personnes, selon la préfecture, contre 49.000 en mars - journée à laquelle s'étaient joints les cheminots - et 26.000 le 10 octobre.

"Un groupe de 200 individus cagoulés et violents (...) a pris la tête du cortège. A hauteur de la rue de Lyon ces individus se sont livrés à des provocations et jets de projectiles sur les effectifs de police puis à des dégradations", note la préfecture de police.

Vingt-quatre personnes ont été interpellées au cours de la manifestation, notamment pour participation à un groupement violent. Huit personnes dont deux policiers ont été blessées légèrement et des dégradations ont été commises contre trois magasins et du mobilier urbain. Une centaine de personnes (101) qui avaient pénétré dans le lycée Arago, place de la Nation, ont également été interpellées.

Les organisations syndicales dénoncent des "attaques sans précédent du gouvernement contre les agents publics", avec la suppression prévue de 120.000 postes, un recours accru aux contractuels, la fusion de certaines instances de représentation du personnel, la mise en place d'une rémunération au mérite ou encore l'introduction d'un plan de départs volontaires.

PAS DE REMISE EN CAUSE DU STATUT, ASSURE DUSSOPT

Elles estiment que les fonctionnaires sont confrontés à "un ensemble de mesures négatives en matière de pouvoir d'achat", avec le gel de la valeur du point d'indice, qui sert au calcul des rémunérations, et le rétablissement de la journée de carence.

Le gouvernement a engagé fin mars des concertations avec les syndicats des trois versants de la fonction publique (territoriale, hospitalière et d'Etat). Un projet de loi est prévu pour le premier semestre 2019.

Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, a répété mardi que le statut des fonctionnaires ne serait pas remis en cause.

Faux, a répliqué mardi Pascal Pavageau sur Public Sénat. "Le statut est déjà attaqué par une logique de contractualisation, de recrutement hors statut", a-t-il déclaré.

"On est dans la même politique que sous les gouvernements précédents, les mêmes maux : austérité, donc rigueur budgétaire, compétitivité, flexibilité, déréglementation, donc casse du service public et des missions publiques", a-t-il dénoncé.

Sur RTL, Philippe Martinez a souligné que cette journée visait à manifester l'attachement des agents publics à "l'égalité des citoyens sur le territoire".

"On manifeste pour défendre le service public, pour faire en sorte que dans ce pays, partout où on habite, on ait accès à un service public."

Selon le baromètre des décideurs de Viavoice pour HEC Paris, Le Figaro et BFM Business, publié mardi, seulement 40% des Français soutiennent la mobilisation des fonctionnaires.

(Sophie Louet, avec Catherine Lagrange, Jean-François Rosnoblet, Myriam Rivet, Emmanuel Jarry et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)