Le recul inattendu de l'inflation brouille le message de la BoE

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Le recul inattendu de l'inflation brouille le message de la boe[reuters.com]
(Crédits : Hannah Mckay)

par Andy Bruce et William Schomberg

LONDRES (Reuters) - L'inflation a ralenti de manière inattendue en avril en Grande-Bretagne, au rythme annuel de 2,4%, le plus faible depuis mars 2017, a annoncé mercredi l'institut national de la statistique (ONS), semant le doute sur le moment que choisira la Banque d'Angleterre pour relever à nouveau son taux directeur.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une inflation stable à 2,5%. En mars l'inflation avait déjà ralenti de manière inattendue, au taux de 2,5%.

"C'est une énigme pour la Banque d'Angleterre (BoE) qui peine à déchiffrer l'orientation des changements de prix ces derniers temps", a déclaré Ed Monk, directeur associé chez Fidelity International. "Avec une tendance à la baisse de l'inflation, il est plus difficile pour la Banque d'Angleterre de relever ses taux".

Le 10 mai, l'institut d'émission a laissé son principal taux directeur inchangé et affirmé que la faible croissance du début de 2018 n'était probablement que passagère. La BoE a ajouté vouloir attendre, avant de relever les taux, des signes tangibles d'accélération de l'activité économique après la croissance économique décevante enregistrée au premier trimestre.

La probabilité d'une hausse des taux de la BoE en août, à l'issue de sa prochaine réunion de politique monétaire, est désormais d'une sur trois contre une sur deux avant la publication de cette statistique.

L'inflation, très surveillée par la banque centrale, a bondi après le vote du 23 juin 2016 en faveur d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, qui a provoqué une dépréciation de la livre. Elle a même atteint un pic en décembre dernier à 3,1% avant de rétrograder.

PRESSIONS DANS LES TUYAUX

Les données de mercredi suggèrent cependant qu'il subsiste certains signes de pressions inflationnistes.

Les prix des biens sortant des usines britanniques ont augmenté à un rythme plus rapide que prévu le mois dernier. Et si l'inflation des prix à la consommation s'est à nouveau tempérée, le calendrier des vacances de Pâques et leur impact sur les prix des billets d'avion y sont pour beaucoup.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a dit mardi s'attendre à une remontée probable de l'inflation dans les mois à venir en raison d'une nouvelle taxe sur les boissons gazeuses et de la hausse des factures d'électricité et des prix de l'essence.

Selon l'ONS, les prix des boissons gazeuses ont fortement augmenté au cours des deux derniers mois, même si leur impact global sur l'inflation reste limité.

Les prix à la production, dont l'évolution influence celle des prix de détail, ont eux augmenté plus que prévu, de 2,7% sur un an en avril comme en mars, alors que les économistes projetaient une baisse à 2,3%.

Les coûts des matières premières - dont beaucoup sont importées comme le pétrole - étaient supérieurs de 5,3% à ceux d'avril 2017, après une hausse de 4,4% en mars, laissant présager la fin d'une longue période de ralentissement de la croissance des prix.

La BoE prévoit, dans ses dernières prévisions, une baisse de l'inflation à 2,1% en l'espace d'un an et un retour à l'objectif de 2,0% l'année suivante, mais seulement si les taux d'intérêt augmentent de 25 points de base environ trois fois sur une période de trois ans.

La statistique fait reculer la livre sterling face au dollar de 0,57% et le rendement du Gilt à 5 ans perd 4 points de base à 1,15%. L'indice FTSE à la Bourse de Londres abandonne 0,76% à 9h40 GMT.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)