Sharif évoque des pressions de l'armée pakistanaise à son encontre

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(Crédits : Reuters Photographer)

ISLAMABAD (Reuters) - L'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a accusé mercredi un ancien chef des services de renseignement de lui avoir demandé de démissionner durant une vague de manifestations antigouvernementales en 2014.

L'agence pakistanaise de renseignement militaire, l'ISI, est régulièrement soupçonnée d'ingérence dans les affaires de politique intérieure mais il est rare d'entendre un responsable formuler des accusations aussi explicites.

Nawaz Sharif, qui a été destitué en juillet dernier par la Cour suprême, a également laissé entendre qu'il avait été évincé en raison de sa politique étrangère et de son refus d'abandonner des poursuites pour trahison contre l'ancien dictateur Pervez Musharraf.

Nawaz Sharif est revenu sur les manifestations organisées il y a quatre ans par l'opposant Imran Khan, qui ont paralysé la capitale Islamabad pendant plusieurs mois.

"A l'époque, un message m'a été adressé par le chef d'une agence de renseignement me demandant de démissionner ou, en cas d'impossibilité, de prendre un congé de longue durée", a déclaré Nawaz Sharif à la justice, avant de réitérer ces accusations lors d'une conférence de presse. Il n'a pas précisé de quelle agence de renseignement il s'agissait.

"Ces demandes (...) se fondaient sur l'idée que sans Nawaz Sharif, ce ne serait pas difficile de clore le dossier Musharraf", a poursuivi l'ancien Premier ministre.

Fondateur de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), Nawaz Sharif a été écarté de son poste par la Cour suprême pour corruption à la suite d'une enquête sur la fortune familiale du chef du gouvernement.

Il a été par la suite interdit de toute activité politique, mais conserve de facto le contrôle de son parti.

Nawaz Sharif s'en prend régulièrement au rôle de l'armée dans la vie politique pakistanaise, ce qui divise au sein même de la Ligue, qui est affaiblie depuis un an et dont beaucoup d'élus souhaitairaient adopter une attitude plus conciliante avec les militaires.

Il a estimé que sa politique étrangère, en particulier sur la question des liens avec l'Afghanistan, l'Inde et les Etats-Unis, déplaisait à l'armée. "J'étais devenu un obstacle sur certaines questions", a-t-il affirmé.

(Asif Shahzad; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)