Après un tour de France, Hollande reçu en Chine comme un chef d'Etat

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Apres un tour de france, hollande recu en chine comme un chef d'etat[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - François Hollande a entamé mercredi une longue tournée en Chine, où il sera reçu par le président Xi Jinping, signe du désir de l'ancien président, non retiré de la politique, de rester au premier rang des affaires du monde.

Porté par la promotion dans toute la France de son livre "Les Leçons du pouvoir", récit de cinq années tourmentées à la tête du pays (2012-2017), l'ancien locataire de l'Elysée fait entendre une petite musique volontiers sévère avec son successeur Emmanuel Macron, y compris en matière diplomatique.

Accompagné de Michel Sapin, ancien ministre de l'Economie devenu son conseiller, François Hollande entame à Pékin une tournée de cinq jours au programme digne d'un chef d'Etat.

Outre un entretien avec Xi Jinping, vendredi, il s'adressera aux étudiants de l'université de Beida. Sont aussi prévus la visite d'une chaîne d'assemblage d'Airbus à Tianjin, une rencontre avec des acteurs économiques de Business France et un déjeuner avec des expatriés à Shanghaï.

Lors des entretiens avec les autorités chinoises, pas question de faire de l'ombre à l'actuelle équipe en France au pouvoir par une "diplomatie parallèle", affirme son entourage.

Ces derniers temps pourtant, François Hollande s'est permis de critiquer les choix d'Emmanuel Macron, dont il a par exemple fustigé "la politique de séduction" et "le couple" qu'il forme avec le président américain Donald Trump, s'attirant les foudres des proches du chef de l'Etat.

"François Hollande avait déjà du mal à incarner la fonction présidentielle lorsqu'il était en exercice. Manifestement, il a encore plus de mal à incarner la fonction et la décence qui siéraient à un ancien président de la République", a ainsi commenté sur LCP le porte-parole de l'Elysée, Benjamin Griveaux.

Emmanuel Macron a lui-même peu goûté les critiques de son ancien mentor l'invitant à se "mettre en mouvement" dans le conflit syrien.

"La France n'interviendra pas militairement en Syrie. Je vous le dis très fermement. Et je crois que certaines personnes qui donnent des leçons ont elles-mêmes décidé la même chose", a lancé le président lors d'un voyage en Inde en mars.

"OPPOSANT"

Sur le plan intérieur, François Hollande cache encore moins ses désaccords avec son ancien conseiller devenu "président des très riches", formule empruntée aux opposants les plus farouches à la politique économique du chef de l'Etat.

"Mes gouvernements réduisaient les inégalités, celui-là les creuse", écrit-il dans "les Leçons du pouvoir" (Stock), dont la promotion lui permet de renouer avec les Français via des passages dans les médias et des séances de dédicaces.

Détaché du Parti socialiste, où le nouveau premier secrétaire Olivier Faure s'est passé de son soutien actif au moment de son élection, François Hollande joue sa partition en solo, en marge des appareils mais les yeux rivés sur une vie politique française qu'il a toujours analysée avec passion.

"C'est un homme d'expérience qui est dans son présent, qui réfléchit à l'avenir, qui peut participer à la réflexion collective par sa vision, ce qu'il a fait et les valeurs qu'il porte", a dit à Reuters la députée PS et ancienne ministre Ericka Bareigts. "Il est actif politiquement comme n'importe quel militant socialiste, sauf que lui a été président !"

A La République en marche, les avis divergent sur l'ancien dirigeant que Gilles Le Gendre, vice-président du groupe à l'Assemblée nationale, considère "clairement comme un opposant".

"Quand je l'écoute, je n'ai pas l'impression qu'il est en soutien de notre action, c'est son droit le plus strict", a-t-il dit mercredi devant des journalistes parlementaires. "En tant qu'ancien chef de l'Etat, il mérite notre respect."

Un autre membre important de La République en marche décrit François Hollande en "homme libre, qui fait ce qu'il veut".

"Je ne veux pas manquer de respect à un homme qui a été à la hauteur dans des moments critiques de notre Histoire", ajoute ce député en référence aux attentats très meurtriers qui ont émaillé, en France, les années Hollande.

(Edité par Yves Clarisse)