Feu vert de Mattarella à la désignation de Giuseppe Conte

reuters.com  |   |  504  mots
Feu vert de mattarella a la designation de giuseppe conte[reuters.com]
(Crédits : Remo Casilli)

par Crispian Balmer et Steve Scherer

ROME (Reuters) - Le président italien Mattarella a approuvé mercredi la désignation de Giuseppe Conte, candidat de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles (M5S), à la présidence du Conseil, après plusieurs jours d'hésitation.

Giuseppe Conte, qui devra encore obtenir l'approbation du Parlement, a promis que son gouvernement serait un gouvernement de "changement" et s'est conscient de la nécessité pour l'Italie de respecter ses engagements européens et internationaux.

"Je me prépare désormais à défendre partout les intérêts de tous les Italiens, en Europe et à l'international", a-t-il toutefois prévenu après avoir reçu l'assentiment présidentiel.

"Le gouvernement doit immédiatement s'atteler aux négociations en cours sur le budget européen, sur la réforme du droit d'asile et sur la réalisation de l'union bancaire", a-t-il dit.

"Mon intention est de faire en sorte que la direction aille dans le sens des intérêts nationaux."

Paulo Gentiloni, président du Conseil sortant, expédie por l'heure les affaires courantes depuis les législatives, qui ont fait du M5S la première force parlementaire avec 32% des voix. La coalition de droite formée par la Ligue, Forza Italia et Frères d'Italie a quant à elle obtenu 37% et c'est le mouvement de Matteo Salvini qui s'en est le mieux tiré des trois avec 17%.

QUI IRA AUX FINANCES ?

L'alliance nouée entre le M5S dirigé par Luigi di Maio, qui se présente comme un parti anti-système, et la Ligue, conduite par Matteo Salvini, préoccupe les institutions de Bruxelles où l'on redoute que l'Italie accentue ses difficultés budgétaires si elle applique le programme élaboré par les deux mouvements.

L'endettement italien représente déjà plus de 130% de son PIB, une proportion que seule la Grèce dépasse au sein de la zone euro.

La perspective d'un gouvernement italien emmené par cette coalition a également rebuté les investisseurs qui se sont employés ces dernières semaines à se débarrasser de leurs obligations souveraines italiennes faisant ainsi grimper leur rendement sur le marché secondaire.

En Italie, également, on redoute les conséquences financières de l'application du programme élaboré par les deux partis et dont le coût annuel est évalué à plusieurs milliards d'euros. "La dette reste notre ennemi", a déclaré Vincenzo Boccia, chef de file du patronat italien.

La désignation d'un ministre des Finances sera l'une des premières priorités de Giuseppe Conte qui devra à cette fin faire preuve de diplomatie.

La Ligue a déjà fait savoir qu'elle souhaitait que la fonction revienne à l'économiste Paolo Savona, un ancien ministre âgé de 81 ans qui ne cache pas son aversion pour l'euro.

Cette hypothèse, qui effraie là encore les investisseurs, pourrait toutefois se heurter à l'intransigeance du président Mattarella qui a le droit de s'opposer à la désignation des membres du gouvernement.

(Avec Gavin Jones et Massimiliano Di Giorgio, Nicolas Delame pour le service français)