Les négociations UE-Mercosur "au point mort", selon Travert

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Les negociations ue-mercosur au point mort selon travert[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Les négociations au long cours entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun d'Amérique du Sud, sont "au point mort", a déclaré jeudi le ministre français de l'Agriculture.

Stéphane Travert, interrogé lors d'une rencontre avec des journalistes, a précisé qu'aucune échéance n'était encore fixée en vue de l'éventuelle signature d'un traité de libre-échange, sur un modèle proche du Ceta conclu avec le Canada.

Prié de dire où en étaient les tractations conduites par la Commission du côté européen, il a répondu : "Au point mort."

L'ex-élu normand a également rappelé que la France avait tracé des "lignes rouges" concernant les labels géographiques protégés, les obligations sanitaires imposées aux pays sud-américains ou les quotas de viande bovine pouvant être importée.

La perspective d'un accord commercial inquiète les éleveurs français, qui craignent de voir affluer sur le marché des dizaines de milliers de tonnes de viandes produites avec des normes moins contraignantes.

L'homologue brésilien de Stéphane Travert estime à l'inverse que le volet agricole pourra être entériné d'ici quelques mois.

"Concernant l'agriculture, nous serons prêts à la fin de l'année sans problème", a déclaré jeudi Blairo Maggi, de passage à Paris, lors d'une interview à Reuters.

Selon lui, les discussions n'achoppent plus sur la question bovine puisque le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay ont accepté la proposition de la Commission visant à fixer un quota d'exportation vers l'Europe de 99.000 tonnes par an.

La ministre des Affaires étrangères bulgare, dont le pays exerce en ce moment la présidence tournante de l'UE, envisage elle aussi une fin des discussions en fin d'année.

"Mais, bien sûr, il est beaucoup plus important d'arriver à un bon accord plutôt qu'à un accord moins bon mais plus rapide", a déclaré Ekaterina Zaharieva lors d'une interview accordée mardi à Reuters.

L'objectif initial était de parvenir à un accord en décembre dernier mais l'horizon a sans cesse été repoussé en raison notamment des délais réclamés par certains pays européens.

Selon les négociateurs européens, les réticences des pays du Mercosur face aux demandes en matière d'ouverture de leurs marchés automobiles et de respect des indications géographiques protégées ralentissent aussi le processus.

En mars, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait jugé que les négociations étaient "bloquées", ce à quoi à un responsable de la diplomatie brésilienne avait rétorqué que la Commission européenne était à la manoeuvre et non la France.

(Simon Carraud et Sybille de La Hamaide, édité par Yves Clarisse)