Le Burkina Faso rompt ses relations diplomatiques avec Taïwan

reuters.com  |   |  461  mots
Le burkina faso rompt ses relations diplomatiques avec taiwan[reuters.com]
(Crédits : Tyrone Siu)

OUAGADOUGOU/TAIPEI (Reuters) - Le Burkina Faso a annoncé jeudi la rupture de ses relations diplomatiques avec Taïwan à la suite d'intenses pressions de Pékin sur les rares alliés de l'île nationaliste, notamment en Afrique où la Chine est un acteur économique majeur.

Ouagadougou est la cinquième capitale à prendre une telle décision depuis l'investiture de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en mai 2016, après la République dominicaine, la Gambie, Sao Tomé-et-Principe et le Panama.

Taïwan ne possède plus qu'un seul allié diplomatique en Afrique, le petit royaume du Swaziland, et entretient des relations officielles avec 18 Etats seulement au monde, pour la plupart des pays pauvres d'Amérique centrale et du Pacifique.

Dans un communiqué publié jeudi, le ministère burkinabé des Affaires étrangères a indiqué que sa décision avait été guidée par la volonté du gouvernement de défendre les intérêts du pays et de sa population au sein du concert des nations.

Le communiqué ne fait pas mention de la Chine mais note que "l'évolution du monde et les défis socio-économiques du pays et de la région poussent Ouagadougou à reconsidérer sa position".

La Chine est le premier partenaire commercial du continent, sur lequel elle a effectué d'importants investissements dans l'activité minière, la construction et le secteur bancaire.

Pékin hébergera en septembre un sommet des dirigeants africains pendant lequel le gouvernement chinois devrait promettre de nouvelles aides et des prêts à taux préférentiels à ses alliés.

La présence chinoise au Burkina Faso a jusqu'à présent été moindre que dans d'autres pays du continent mais le chef de la diplomatie taïwanaise, Joseph Wu, a reconnu jeudi lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte à Taipei que son pays n'était pas en mesure de rivaliser avec les moyens financiers de Pékin.

Le ministre a dit regretter la décision de Ouagadougou, ajoutant avoir présenté sa démission à la présidente Tsai Ing-wen, dont le parti est favorable à l'indépendance de Taïwan bien qu'elle-même se soit engagée à maintenir le statu quo.

Pékin considère pour sa part que l'île doit revenir dans son giron et a invité en mars ses alliés à reconnaître la "tendance irréversible" de la règle de la "Chine unique" qu'elle a érigée.

Le Vatican pourrait être le prochain pays à prendre ses distances avec Taipei puisque le Saint-Siège et Pékin sont proches d'un accord sur la nomination d'évêques en Chine.

(Thiam Ndiaga à Ouagadougou et Jess Macy Yu à Taipei; Eric Faye et Tangi Salaün pour le service français, édité par Danielle Rouquié)