La grêle a fait de gros dégâts dans le vignoble bordelais

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La grele a fait de gros degats dans le vignoble bordelais[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

par Claude Canellas

BORDEAUX (Reuters) - Le vignoble de Bordeaux a subi de gros dégâts samedi lors du passage d'orages de grêle dans une partie des appellations qui ont détruit environ 7.000 hectares de vignes dans des centaines d'exploitations, a déclaré lundi le président de la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB), Hervé Gandreau.

C'est un nouveau coup dur pour la viticulture bordelaise, touchée l'an passé par un gel tardif en avril qui avait réduit la vendange de 39% en volume.

La grêle est arrivée par le sud de la région samedi à la mi-journée, touchant l'appellation Pessac-Léognan puis le sud du Médoc. Elle a dévasté ensuite les vignobles des Côtes de Bourg et des Côtes de Blaye sur la rive droite de la Gironde. Des vignobles plus à l'est du département, dans les régions de Gensac et de Pessac-sur-Dordogne, ont également été sinistrés.

"Nous sommes sur 7.100 hectares touchés, dont 3.400 à plus de 80%, ce qui compromet fortement la récolte 2018 sur ces zones-là et pour certains la récolte 2019 lorsque les bois sont très atteints", a dit Hervé Gandreau à l'issue d'une réunion avec les représentants des appellations.

Selon lui, les dégâts se répartissent entre le secteur Blaye-Bourg touché pour près de 5.500 hectares, dont 3.000 à plus de 80%, le secteur du Médoc dont 1.200 hectares ont été grêlés, dont 400 à plus de 80%, et le secteur de l'Entre-Deux-Mers où 400 hectares de vignes ont été touchées à 50%.

Hervé Grandeau a estimé que 4 à 5% du vignoble bordelais, qui compte 122.000 hectares, avaient été touchés.

Une visite de terrain sera organisée mardi et à son issue une série de mesures seront mises en œuvre par les organisations professionnelles sous l'égide de l'Etat.

Parmi les premières mesures envisagée pour ce troisième aléa en 6 ans figurent la mise à disposition de plusieurs hectares de vignes sous la forme de baux précaires d'un an aux viticulteurs qui ont tout perdu, la mise en place du chômage partiel dans les exploitations concernées et la garantie par l'Etat de prêts de consolidation bancaire.

"500.000 EUROS PERDUS EN 10 MINUTES"

La répétition des épisodes météorologiques a incité de plus en plus de viticulteurs à contracter une assurance qui couvre 70% de la perte mais il en reste beaucoup à convaincre.

Franck Jullion, président de l'appellation Blaye-Côtes de Bordeaux et propriétaire de château Grillet-Beauséjour à Berson, dont les 25 hectares ont été dévastés à 100%, dit avoir "perdu 500.000 euros en 10 minutes".

"Heureusement, j'ai du stock et je suis assuré", dit-il.

Son voisin d'appellation, Jean-Samuel Eynard, vice-président des Côtes de Bourg, a vu l'intégralité de ses 29 hectares touchés et a lui aussi franchi le pas.

"Le fait d'avoir gelé en 2017 m'a incité à prendre une assurance. Maintenant on va serrer les boulons et voir comment faire pour ne pas dépenser", a-t-il précisé.

Le vignoble de Cognac a également été affecté par la grêle. D'ores et déjà, des responsables du vignoble évoquent un chiffre de 10.000 ha touchés sur les 70.000 que totalise l'AOC.

La Champagne a subi plusieurs orages de grêle et des pluies violentes ces dernières semaines, touchant 500 hectares, a dit Brigitte Batonnet, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), sur les 34.000 hectares du vignoble.

"Donc, pour l'instant la Champagne n'est pas du tout dans la situation du Bordelais", a-t-elle précisé.

Météo France annonce de nouveaux orages violents dans la moitié Nord de la France dans la nuit de lundi à mardi avec de la grêle par endroits et des pluies de forte intensité.

Ces phénomènes risquent d'avoir un impact sur les prix qui, sur les six premiers mois de la campagne 2017-2018, ont augmenté de 6 % pour les vins d'appellation, hors Champagne, par rapport à la même période de la campagne précédente.

La plupart des régions sont concernées par cette hausse, dont les appellations de Bordeaux (+ 16 %) et de Provence (+ 15 %), soutenues par le succès à l'international des rosés.

(avec Sybille de la Hamaide, édité par Yves Clarisse)