Brèves réunions de familles séparées par la guerre de Corée

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Breves reunions de familles separees par la guerre de coree[reuters.com]
(Crédits : Kim Hong-Ji)

par Hyonhee Shin et Hyun Young Yi

SEOUL/SOKCHO, Corée du Sud (Reuters) - Quelque 180 familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953) vont être temporairement réunies en Corée du Nord à partir de lundi, conformément à la décision prise à la suite du sommet entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en avril dernier.

A l'issue du premier sommet intercoréen en plus de dix ans, dans le village de Panmunjon, en avril, Moon et Kim s'étaient engagés sur la voix de la réconciliation et avaient annoncé une série de mesures en vue d'une entente pacifique.

Plus de 57.000 survivants sud-coréens se sont inscrits pour prendre part à ces réunions, les premières de ce type depuis trois ans à cause du conflit qui dure depuis des décennies entre le Nord et le Sud et s'est accentué ces dernières années avec les avancées de Pyongyang sur ses programmes nucléaire et balistique.

"J'ai plus de 90 ans donc je ne sais pas quand je vais mourir. Je suis très heureux d'avoir été sélectionné cette fois-ci, je plane dans les airs", a dit à Reuters dimanche Moon Hyun-sook, âgé de 91 ans, qui va rencontrer lundi ses jeunes soeurs.

Organisées dans la station touristique du mont Kumgang, au Nord, les retrouvailles durent généralement onze heures et se terminent souvent par des adieux douloureux.

Pendant des années, Séoul a réclamé des réunions régulières entre les familles séparées, notamment par visioconférence, mais les relations fragiles avec Pyongyang ont régulièrement empêché la mise en oeuvre de tels programmes.

Les participants sud-coréens sont arrivés dimanche à la ville côtière de Sokcho, proche de la frontière avec le Nord, afin de recevoir des instructions et d'effectuer un bilan de santé. Ils devaient ensuite se rendre au Nord lundi.

Quatre-vingt-treize familles, des deux côtés de la frontière, devaient initialement prendre part à des retrouvailles de trois jours à partir de lundi, mais quatre Sud-Coréens ont annulé leur voyage au dernier moment à cause de soucis de santé, a annoncé la Croix-Rouge.

A partir de jeudi, 88 autres groupes de parents se réuniront, a annoncé le ministère sud-coréen de l'Unification.

Ces brèves retrouvailles, dont les premières ont eu lieu en 1985, peuvent s'avérer traumatisantes pour les survivants, comme l'ont rapporté certains, dont la plupart sont âgés de plus de 80 ans. Le plus vieux Sud-Coréen participant au rassemblement est âgé de 101 ans.

"La plupart des participants sont âgés et nombre d'entre eux souffrent d'hypertension, de diabète et ont des problèmes de santé sous-jacents. Nous vérifions minutieusement leur état de santé afin qu'ils puissent prendre part comme prévu à l'événement", a déclaré Han Sang-jo, un médecin.

Selon les derniers chiffres publiés à la fin du mois de juillet par le gouvernement sud-coréen, environ 132.600 personnes sont répertoriées comme parents séparés. Un peu plus de 40% des 57.000 survivants sud-coréens sont octogénaires, et 21,4% d'entre eux sont nonagénaires.

De nombreux habitants du Sud ont acheté des cadeaux pour leurs proches vivant au Nord. Les vêtements, les médicaments, le dentifrice et la nourriture font partie des biens les plus courants, les cadeaux jugés trop extravagants étant peu susceptibles d'être acceptés par les autorités nord-coréennes.

(Jean Terzian pour le service français)