Iran : Berlin prône un système de paiement UE pour sauver l'accord

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BERLIN (Reuters) - L'Europe doit créer des systèmes de paiement indépendants des Etats-Unis si elle veut sauver l'accord sur le nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, dénoncé par le président américain Donald Trump, propose le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.

"C'est pourquoi il est indispensable que nous renforcions l'autonomie européenne en créant des canaux de paiement qui soient indépendants des Etats-Unis, un Fonds monétaire européen et un système SWIFT indépendant", écrit Heiko Maas dans le quotidien financier Handelsblatt.

"Chaque jour d'existence de l'accord est plus souhaitable que la crise hautement explosive qui menacerait sinon le Moyen-Orient", ajoute-t-il dans une tribune à paraître mercredi.

Le réseau interbancaire de paiement SWIFT, basé en Belgique, par lequel passe l'essentiel des transactions internationales, a exclu l'Iran en 2012 à la suite de la décision des Etats-Unis et de l'Union européenne d'imposer des sanctions contre la République islamique en raison de ses activités nucléaires.

L'accord de 2015 entre l'Iran et les puissances dites P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) a levé ces sanctions. En échange, l'Iran a accepté de restreindre ses activités nucléaires, allongeant ainsi le temps nécessaire à la production d'une arme nucléaire s'il décidait d'en fabriquer. Téhéran dément depuis longtemps en avoir l'intention.

Donald Trump a retiré en mai les Etats-Unis de cet accord signé avant son entrée en fonction et il a rétabli des sanctions contre l'Iran.

Les puissances européennes se sont efforcées d'accorder suffisamment d'avantages économiques à l'Iran pour persuader le pays de rester dans l'accord. Cela s'est avéré difficile, de nombreuses entreprises européennes redoutant que les Etats-Unis ne leur fasse payer de lourdes pénalités.

L'Iran a appelé l'Europe cette semaine à accélérer ses efforts pour sauver l'accord nucléaire après que le groupe français Total s'est officiellement retiré d'un très grand projet gazier en Iran.

La décision de Donald Trump sur l'Iran et l'imposition de nouveaux droits de douanes sur l'acier et l'aluminium en provenance de l'Union européenne ont tendu les relations entre Washington et Bruxelles.

"Vu les circonstances, il est d'importance stratégique que nous disions clairement à Washington : nous voulons travailler ensemble", écrit Heiko Maas. "Mais nous ne vous permettrons pas de porter atteinte à nos intérêts sans nous consulter."

(Joseph Nasr, Juliette Rouillon pour le service français)