Ankara intensifie ses livraisons d'armes aux rebelles d'Idlib

reuters.com  |   |  410  mots

par Suleiman Al-Khalidi

AMMAN (Reuters) - La Turquie a intensifié ces derniers jours ses livraisons d'armes aux rebelles de la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, où l'armée gouvernementale syrienne et ses alliés veulent lancer une offensive terrestre malgré les mises en garde de la communauté internationale.

Des sources rebelles ont déclaré à Reuters que l'aide militaire turque s'était accentuée depuis le sommet de Téhéran vendredi dernier entre les présidents russe, turc et iranien, où aucun accord n'a pu être trouvé pour prévenir l'offensive des forces de Damas.

La Turquie, qui accueille déjà trois millions et demi de réfugiés syriens, craint un nouvel exode en direction de son territoire si la province d'Idlib, dernier bastion des insurgés en Syrie, est attaquée par les troupes loyalistes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, tout comme l'Onu, a évoqué un "désastre humanitaire" si la bataille d'Idlib devait être lancée.

"Les Turcs ont promis leur soutien militaire en vue d'une longue bataille", a déclaré à Reuters un chef de l'Armée syrienne libre (ASL), alliance armée des rebelles qui est aidée depuis des années par les Occidentaux et Ankara.

L'armée turque a notamment fourni en grande quantité des munitions et des roquettes Grad, a-t-il ajouté.

Environ trois millions de personnes vivent dans la province d'Idlib. Les avions syriens et russes ont intensifié ces derniers jours leurs raids sur la région, ainsi que sur les zones rebelles de la province de Hama, apparemment en prélude à leur grande offensive terrestre.

Les principales localités de la province d'Idlib sont contrôlées non par l'ALS mais par des djihadistes liés à l'ancienne branche syrienne d'Al Qaïda, le Front Al Nosra.

L'armée turque envoie aussi des renforts et des armes lourdes depuis une semaine dans la douzaine de postes d'observation qu'elle a établis dans la région d'Idlib, ainsi que plus à l'est, dans une zone au nord de la ville d'Alep.

La Turquie a d'ailleurs demandé aux combattants de l'ALS du secteur d'Alep de rejoindre les lignes de front dans la province d'Idlib, ont précisé deux chefs rebelles.

Egalement de source insurgée, on affirme que les Turcs ont promis de prendre des mesures énergiques contre les djihadistes si la Russie parvient à écarter la menace d'une grande offensive terrestre des forces de Damas.

(Guy Kerivel pour le service français)