Ahed Tamimi, nouvelle "voix" des prisonniers palestiniens

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Ahed tamimi, nouvelle voix des prisonniers palestiniens[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

NANTES, Loire-Atlantique (Reuters) - L'adolescente palestinienne Ahed Tamimi entend profiter de la médiatisation internationale de son incarcération pour porter partout "la voix des prisonniers et de son peuple", a-t-elle dit mardi en marge d'une conférence à Nantes.

La France est le premier pays dans laquelle la jeune fille se rend depuis sa sortie de détention en juillet dernier, après avoir été interpellée puis condamnée pour avoir bousculé et frappé un militaire israélien en décembre 2017 dans la cour de sa maison. L'altercation avait été filmée par sa mère et diffusée en direct sur les réseaux sociaux.

"Je viens pour faire porter notre voix sur le monde entier", a déclaré Ahed Tamimi, dont les longs cheveux bouclés ont fait le tour du globe. "Tout comme il y a eu un grand battage médiatique à mon sujet, il faudrait que ce soit la même chose pour tous les prisonniers palestiniens."

L'adolescente de 17 ans est revenue à cette occasion sur ses conditions de détention "extrêmement difficiles" en Israël.

"Il y a les interrogatoires, les mises à l'isolement, la violence... Ils m'ont interdit de dormir, m'ont interrogée sans la présence d'une femme-soldat alors que c'est normalement obligatoire", a-t-elle rapporté, par l'intermédiaire de son interprète.

"D'un autre côté, ils me disaient aussi : 'Oui, tu es jolie, tu as les yeux bleus '... C'était un mélange d'intimidation et de séduction."

Ahed Tamimi a dit pour autant ne pas regretter son geste, qui a lui valu d'être incarcérée mais aussi de devenir une "icône" mondiale de la cause palestinienne.

"Si c'était à refaire, bien sûr que je recommencerais : pour moi, c'était un geste tout à fait évident", a-t-elle dit. "Mais j'aimerais que d'autres gens deviennent des symboles, notamment ceux qui résistent par la littérature, la poésie, le dessin... Que nous soyons nombreux à porter nos voix."

Aujourd'hui, l'adolescente palestinienne rêve d'étudier "le droit international". "C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup, et je veux avoir les moyens d'aller défendre ma cause auprès des tribunaux internationaux", a-t-elle confié.

Pendant qu'elle parlait, des banderoles ont été déployées dans la salle réclamant "Liberté Paix Justice pour le peuple palestinien" ou la libération de l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri, détenu depuis août 2017 dans le cadre de la "tentative d'assassinat" du rabbin Ovadia Yosef.

L'adolescente était déjà venue par le passé à deux reprises à Nantes, dans le cadre de coopérations internationales lancées par les collectivités locales. Elle avait notamment participé il y a trois ans à une pièce de théâtre jouée en français et en arabe, avec d'autres jeunes des deux nationalités.

(Guillaume Frouin, édité par Jean-Stéphane Brosse)