Les migrants du square Daviais de nouveau évacués à Nantes

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Les migrants du square daviais de nouveau evacues a nantes[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

NANTES (Reuters) - Le juge des référés du tribunal administratif de Nantes va ordonner ce mercredi une seconde évacuation du square Jean-Baptiste Daviais, à Nantes (Loire-Atlantique), où se massent plus de 560 migrants depuis plusieurs semaines.

La décision devrait être formellement signifiée ce mercredi soir aux migrants, leurs soutiens et aux pouvoirs publics, a indiqué le magistrat au terme de l'audience. Elle devra être exécutée dans les quarante-huit heures, a-t-il précisé.

Une première expulsion avait été ordonnée en juillet, mais les migrants étaient revenus quelques semaines plus tard après avoir été évacués du squatt vers lequel ils étaient partis.

La ville a en effet proposé mercredi à l'audience de "mettre à l'abri" de façon "exceptionnelle" et "provisoire" la totalité des 560 migrants, dans un lieu tenu secret "pour des raisons de sécurité évidentes et de réussite de l'opération". "Si je vous dis où et quand on fait cela, on n'aura non plus 600 migrants à loger mais le double", a plaidé son avocat.

Les services décentralisés de l'Etat et de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) seront aussi tenus d'accompagner la mairie dans ce "dispositif-sas" qui se veut "une sorte de soupape", a expliqué l'avocat de la mairie.

"Je suis extrêmement frileuse : en juillet, lors de la première expulsion, la préfecture nous avait fait le même genre de promesses orales, et au final tout le monde n'a pas été hébergé", a rappelé Me Stéphanie Rodrigues-Devesas, l'une des deux avocates des migrants et des associations (MRAP, Ligue des droits de l'Homme...) qui les soutiennent.

Les migrants avaient initialement saisi le tribunal administratif de Nantes pour qu'il ordonne aux pouvoirs publics de leur assurer des conditions de vie "décentes" (douches, toilettes, accès aux laveries municipales...), sur le modèle de qui avait été fait sur la "Jungle" de Calais.

Ces personnes sont à plus de 80 % des demandeurs d'asile, selon les décomptes faits par les avocates des habitants du square Daviais, les autres étant détenteurs de titres de séjour, réfugiés ou bien en situation irrégulière.

La ville de Nantes avait quant à elle profité de l'audience ce mercredi pour obtenir le concours des forces de l'ordre afin d'évacuer le camp. "Le nombre de migrants qui arrivent quotidiennement augmente de façon inquiétante ces dernières semaines", avait dit l'avocat de la municipalité. "L'objectif de la ville, ce n'est pas de déplacer le problème mais de le régler : en juillet, une expulsion a déjà été ordonnée, et, trois mois plus tard, la situation est pire qu'avant."

Situé juste en face du tribunal administratif de Nantes, le square Jean-Baptiste Daviais est en effet toujours recouvert de tentes bon marché. La restauration est assurée par les bénévoles de "L'Autre Cantine", grâce aux dons de la population locale : quelque "30 à 40 kg de riz" sont servis chaque jour aux migrants, venus essentiellement d'Afrique subsaharienne.

(Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)