Draghi plaide pour un nouvel instrument budgétaire anti-crise

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(Crédits : Fabrizio Bensch)

BERLIN (Reuters) - La zone euro doit se doter d'un nouvel instrument budgétaire et développer le partage des risques pour pouvoir faire face à des crises telles que celles qui ont laissé des cicatrices durables dans son économie et sa société, a déclaré mercredi Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE).

Seuls des progrès notables en matière d'intégration sont susceptibles de stimuler la croissance et la productivité et d'apaiser ceux qui doutent du projet européen, a-t-il ajouté.

L'Allemagne a, des années durant, résisté à tout nouvelle poussé d'intégration européenne, craignant de devoir solliciter ses contribuables pour rembourser les dettes d'autres pays et de leurs banques.

Mais pour Mario Draghi, la mutualisation des risques est bonne pour la confiance et la stabilité et elle pourrait passer par la création d'un instrument budgétaire commun qui ferait obstacle à la spéculation en temps de crise.

"Il faudrait que ce soit un instrument complémentaire de la politique monétaire en assurant la stabilité macroéconomique à la fois dans la zone euro mais aussi, et c'est primordial, dans chacun des Etats membres", a-t-il dit lors d'une conférence organisée à Berlin par l'Institut Jacques Delors.

Selon le texte de son discours publié par la BCE, il faisait référence à un instrument "d'ampleur" mais il semble qu'il soit revenu sur cette phrase au dernier moment puisqu'il a seulement parlé d'un instrument dont la taille serait "adaptée".

RESTAURER LA CONFIANCE DANS LES RÈGLES BUDGÉTAIRES

Le nouveau gouvernement italien a contesté les principes budgétaires de l'Union européenne, évoquant en public la possibilité de dépasser les limites de déficit autorisées et allant jusqu'à suggérer que la BCE lui apporte son soutien.

Mario Draghi semble penser tout autrement puisqu'il a affirmé que la zone euro devait restaurer la confiance envers les règles budgétaires en les rendant à la fois plus contraignantes et davantage contre-cycliques.

Dans un contexte de montée du protectionnisme, il en a appelé à un marché intérieur plus intégré et ajouté que "selon une estimation, ôter toutes les barrières commerciales pourrait augmenter le revenu de l'UE de 14% sur 10 ans et doubler les échanges internes à l'UE".

"Dans un environnement international où le libre-échange ne peut plus être considéré comme acquis, un marché large et renforcé pourrait devenir encore plus important pour nous préserver des chocs externes".

Durant la même conférence, le ministre des Finances allemand, Olaf Scholz, a appelé les pays de la zone euro à se mettre d'accord avant la fin de l'année sur les prochaines étapes permettant de parachever l'union bancaire, censée être elle aussi un moyen de lutter contre les prochaines crises.

"Ce serait un grand progrès si nous nous accordions cette année sur les étapes les plus importantes, celles vers l'union bancaire, et sur celles qui doivent venir ultérieurement", a-t-il déclaré.

(Michael Nienaber, Francesco Canepa et Balazs Koranyi; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)