Brexit : Theresa May défend son plan, pas d'avancée en vue

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(Crédits : Lisi Niesner)

par Gabriela Baczynska, Elizabeth Piper et Francois Murphy

SALZBOURG, Autriche (Reuters) - Theresa May a demandé mercredi à ses collègues européens de renoncer à leurs exigences "inacceptables" sur le Brexit qui, a-t-elle fait valoir, pourraient réduire en miettes le Royaume-Uni.

La Première ministre britannique, qui participait à un Conseil européen informel à Salzbourg en Autriche, défendait son plan pour accompagner la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, prévue le 29 mars 2019.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 autres Etats de l'Union européenne ont écouté poliment pour souligner ensuite que le Brexit buttait toujours sur la question de la frontière irlandaise.

Après les escalopes viennoises et quatre heures de dispute sur la question des migrants, Theresa May a pris la parole pour demander à ses 27 collègues ce qu'ils feraient si on leur demandait d'accepter une "partition juridique" de leurs pays. Or, leur a-t-elle dit, c'est exactement que l'UE demande au Royaume-Uni en insistant pour que l'Irlande du Nord reste sous le régime économique de l'UE.

"Je pense avoir présenté des propositions sérieuses et réalisables", a déclaré Theresa May, selon une source gouvernementale britannique. "Nous ne serons bien sûr pas d'accord sur tous les détails, mais j'espère que vous répondrez de la même manière."

"Il incombe maintenant à chacun de nous de conclure cette affaire", a-t-elle ajouté.

Les dirigeants des Vingt-Sept ne lui ont pas répondu. Ils discuteront de la question au cours d'un déjeuner jeudi.

"POINT MORT"

Résumant la situation après le dîner, les dirigeants lituanien et slovaque ont estimé que la situation était bloquée.

"A ce stade, c'est le point mort. Il n'y a pas de progrès", a déclaré la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite.

Le Premier ministre slovaque, Peter Pellegrini, a ajouté: "Sur la question des frontières, il n'y a pas eu de progrès. Nous verrons ce que la discussion à 27 montrera demain".

Selon un haut diplomate de l'UE, Theresa May a semblé vouloir aller vers un compromis, proposant de nouvelles idées sur la manière d'éviter des réglementations économiques divergentes de nature à perturber le commerce.

"Elle a parlé. Il n'y a pas eu de réaction. "Merci". Et on a continué", a déclaré ce diplomate.

Les 27 Etats restant dans l'UE veulent que l'accord sur le Brexit comprenne une clause de sauvegarde ("backstop"), dont le principe avait été agréé par les Britanniques en décembre et selon laquelle l'Irlande du Nord resterait dans l'union douanière européenne en l'absence de meilleure solution, ce qui permettrait d'éviter une frontière "dure" entre cette province britannique et l'Irlande, membre de l'UE.

Mais cette solution est rejetée par le gouvernement britannique car il couperait en pratique le Royaume-Uni en deux : l'Irlande du Nord d'un côté et le reste de l'autre.

Au cours du dîner, Theresa May a déclaré que le problème pourrait être résolu en assurant le type de "commerce sans friction" envisagé dans son plan Checkers présenté en juillet, et que la Grande-Bretagne était toujours déterminée à accepter un plan de repli.

"PAS CRÉDIBLE"

"Cependant, la proposition de la Commission concernant ce protocole - à savoir que je devrais approuver une séparation juridique du Royaume-Uni en deux territoires douaniers - n'est pas crédible", a-t-elle déclaré.

Theresa May souhaite montrer aux durs de son Parti conservateur, qui ont décidé d'être très visibles lors de la conférence annuelle des Tories dans dix jours (du 30 septembre au 3 octobre), que son plan est le seul qui puisse être négocié avec l'UE.

Et, peut-être pour ce public là, elle a déclaré aux dirigeants européens que, malgré des délais limités, "retarder ou prolonger ces négociations n'est pas possible". Elle a également exclu la possibilité d'un second référendum sur l'adhésion britannique à l'UE.

"Nous n'avons fait aucun progrès", a déploré le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, avant le dîner. "Je ne pense pas que nous soyons plus proches d'un accord de retrait que nous ne l'étions en mars."

Theresa May participera à la séance prévue jeudi matin pour discuter de la sécurité, où elle évoquera l'affaire Skripal, une affaire de tentative d'empoisonnement d'un ancien espion russe. Elle aura également une rencontre avec Leo Varadkar.

Elle ne sera pas présente dans la salle lorsque les 27 autres dirigeants discuteront de ses propositions d'accompagnement du Brexit pendant le déjeuner.

Elle sera ensuite informée des réactions de ses collègues par le président du sommet du Conseil européen, Donald Tusk.

A Salzbourg, un accord sur le Brexit devait être bouclé à temps pour le Conseil européen d'octobre. Mais les Européens ont annoncé mercredi qu'un sommet spécial sur le Brexit serait organisé mi-novembre, limite au-delà de laquelle la ratification de l'accord par les parlements européen et britannique risque de ne pouvoir intervenir avant le départ du Royaume-Uni de l'UE.

(Avec les journalistes de Reuters à Salzbourg, édité par Jean-Baptiste Vey; Danielle Rouquié pour le service français)