L'Equateur voulait donner à Julian Assange un poste diplomatique en Russie

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L'equateur voulait donner a julian assange un poste diplomatique en russie[reuters.com]
(Crédits : Peter Nicholls)

par Alexandra Valencia

QUITO (Reuters) - L'Equateur voulait confier en 2017 un poste diplomatique en Russie à Julian Assange, le fondateur du site lanceur d'alertes WikiLeaks, mais s'est ravisé après que la Grande-Bretagne a refusé d'accorder à Assange l'immunité diplomatique, montre un document du gouvernement équatorien que Reuters a pu consulter.

Julian Assange s'est réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres en juin 2012, après avoir obtenu l'asile du pays latino-américain, pour ne pas avoir à être envoyé en Suède où il était accusé de viol.

Ce dossier d'accusations de crimes sexuels a été clos depuis, mais Assange, s'il devait quitter l'enceinte diplomatique, serait arrêté par la police britannique pour s'être soustrait au contrôle judiciaire que lui avait imposé la justice britannique.

L'Australien craint que les Etats-Unis ne demandent son extradition en raison de la publication en 2010 par WikiLeaks, spécialisé dans la diffusion brute de documents officiels, de dizaines de milliers de documents diplomatiques et militaires américains.

En janvier dernier, la Grande-Bretagne a annoncé son refus d'accorder un statut diplomatique à Assange, un mois après que celui-ci a obtenu la nationalité équatorienne.

La tentative du gouvernement équatorien de régler le cas de Julian Assange, 47 ans, a été révélée dans une lettre du ministre des Affaires étrangères à destination d'une parlementaire qui demandait des informations sur la décision de Quito d'accorder la citoyenneté équatorienne à Assange.

Cette lettre résumait le contenu de 28 documents envoyés par ailleurs à la parlementaire de l'opposition Paola Vintimilla.

D'après la lettre, l'Equateur a approuvé le 19 décembre dernier "une désignation spéciale pour Mr. Julian Assange afin qu'il puisse exercer des fonctions à l'ambassade d'Equateur en Russie".

Cependant le gouvernement équatorien s'est rapidement ravisé après que le ministère britannique des Affaires étrangères a dit qu'il ne pouvait considérer Assange comme un diplomate.

Le Foreign Office "ne considère pas que Mr. Assange puisse jouir d'un quelconque privilège ou immunité dans le cadre de la convention de Vienne", dit une note d'un diplomate britannique datée du 21 décembre et citée dans la lettre.

La "désignation spéciale" fait référence au droit du président équatorien de nommer à des postes diplomatiques des personnes n'étant pas des diplomates de carrière.

Si la volonté de donner à Assange un statut diplomatique a été rendue publique l'année dernière par le gouvernement équatorien, les efforts pour envoyer Assange à Moscou n'avaient jamais été révélés.

Parmi les documents transmis à Vintimilla figure une lettre datée du 4 décembre écrite par Assange, que Reuters a pu consulter, dans laquelle Assange renonce à demander l'asile politique à l'Equateur en vue de devenir un diplomate équatorien. Il y déclare prévoir de se rendre en Equateur.

Reuters n'a pu obtenir de commentaire de la part des ministères équatorien et russe des Affaires étrangères.

(Jean Terzian pour le service français)