Rosenstein a suggéré d'invoquer le 25e amendement contre Trump

reuters.com  |   |  735  mots
Rosenstein a suggere d'invoquer le 25e amendement contre trump[reuters.com]
(Crédits : Chris Wattie)

WASHINGTON (Reuters) - Rod Rosenstein, chargé de superviser l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016, a proposé l'an dernier de charger des membres de l'administration d'invoquer le 25e amendement permettant de relever Donald Trump de ses fonctions, écrit vendredi le New York Times.

L'Attorney General adjoint a aussi proposé d'enregistrer Donald Trump à son insu, ajoute le journal.

Il a émis cette idée au cours du printemps 2017, alors que Donald Trump avait limogé le directeur du FBI, James Comey, croit savoir le Times, précisant que ses sources sont des responsables qui ont été informés de ces faits ou qui ont pu lire des notes rédigées par des responsables du FBI, dont Andrew McCabe, qui a remplacé Comey à titre intérimaire.

S'appuyant sur des notes écrites par McCabe, le Washington Post a aussi rapporté ces propositions de Rosenstein.

L'avocat d'Andrew McCabe, Michael Bromwich, a dit ignorer comment les notes de son client sont arrivées jusqu'à la presse.

D'après le New York Times, Rod Rosenstein a déclaré au département de la Justice et à des responsables du FBI que les enregistrements secrets pourraient servir à démontrer le chaos qui régnait au sein de l'administration, après les révélations selon lesquelles Trump avait demandé à James Comey de lui être loyal et après la présentation d'informations classées à des responsables russes dans le bureau ovale de la Maison blanche.

Le ministre adjoint de la Justice a démenti les informations du New York Times, "inexactes et factuellement incorrectes" selon lui.

"PUANTEUR PERSISTANTE"

Donald Trump, qui prenait part vendredi au meeting d'un candidat républicain aux élections de mi-mandat, n'a pas répondu à son arrivée à Springfield, dans le Missouri, aux questions des journalistes lui demandant s'il comptait limoger Rosenstein.

Plus tard dans la soirée, Trump a confié devant la foule qu'il y avait une "puanteur persistante" au département de la Justice.

"Il y a des gens géniaux au département de la Justice (...) mais aussi des très mauvais. Vous avez vu ce qu'il s'est passé au FBI. Il y a une puanteur persistante (au département de la Justice) et nous allons nous en débarrasser aussi".

Une porte-parole du département de la Justice a fait suivre un communiqué d'une personne qui était présente lorsque Rosenstein a proposé de porter un micro afin d'enregistrer Trump, explique le Times. Cette personne, qui a souhaité rester anonyme, a déclaré que Rosenstein avait émis cette proposition de manière sarcastique.

Rod Rosenstein a assumé la supervision de "l'enquête russe" parce que Jeff Sessions s'était lui-même récusé, en mars 2017, en invoquant son rôle dans la campagne.

Il a souvent été critiqué par Trump pour avoir nommé en mai 2017 le procureur spécial Robert Mueller afin que celui-ci mène l'enquête sur les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016 et sur une éventuelle collusion entre l'équipe de campagne Trump et des responsables russes.

Trump a nié ces accusations et qualifie l'enquête russe de "chasse aux sorcières". Moscou a réfuté toute ingérence dans la présidentielle américaine.

Selon le New York Times et le Washington Post, Rod Rosenstein a dit à McCabe (qui fut par la suite limogé par Trump) qu'il pourrait convaincre l'Attorney General, Jeff Sessions, et John Kelly, ex-secrétaire à la Sécurité intérieure et actuel secrétaire général de la Maison blanche, d'invoquer le 25e amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui concerne l'incapacité d'un président et sa succession.

Le Times indique qu'aucune de ces propositions ne s'est concrétisée.

Chuck Schumer, chef de file des démocrates au Sénat, a déclaré dans un communiqué que les informations du New York Times ne devaient pas servir de prétexte pour limoger Rosenstein et le remplacer ainsi par "un représentant qui permettra au président d'interférer dans l'enquête du procureur spécial".

Trump s'est servi de notes rédigées par Rosenstein, critiquant la gestion par Comey de l'enquête sur le piratage informatique dont a été victime la candidate démocrate Hillary Clinton, comme base pour limoger Comey.

(Sarah N. Lynch, Doina Chiacu et Mohammad Zargham, avec Steve Holland à Springfield, Missouri; Eric Faye et Jean Terzian pour le service français)