Draghi (BCE) évoque une inflation "vigoureuse", l'euro monte

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(Crédits : Francois Lenoir)

BRUXELLES (Reuters) - Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a évoqué lundi devant le Parlement européen "un redressement relativement vigoureux de l'inflation sous-jacente" en zone euro et s'est déclaré confiant dans la poursuite de la croissance des salaires tout en soulignant que ces évolutions impliquaient le maintien des taux à leur niveau actuel au moins jusqu'à l'été prochain.

L'euro et les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro se sont orientés à la hausse après les déclarations de Mario Draghi devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

Le président de la BCE a souligné que la croissance des salaires dans la zone euro s'était accélérée pour atteindre 2,2% au deuxième trimestre contre 1,5% en 2017.

"L'inflation sous-jacente devrait encore augmenter au cours des mois à venir, le resserrement du marché de l'emploi exerçant une pression à la hausse sur les salaires", a-t-il dit.

La monnaie unique a repassé le seuil de 1,18 dollar après ces déclarations pour atteindre son plus haut niveau depuis le 14 juin et le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour les marchés obligataires de la zone euro, est revenu au-dessus de 0,5%, au plus haut depuis juin.

"Le thème du moment sur les marchés, c'est que la hausse des salaires va se poursuivre, et c'est peut-être le principal moteur de la baisse des marchés obligataires", a commenté Daniel Lenz, stratège de DZ Bank.

DRAGHI SOURD AUX APPELS À AVANCER LA HAUSSE DES TAUX

Les anticipations par le marché de l'évolution de l'inflation ont elles aussi réagi: le taux d'inflation "à cinq ans dans cinq ans", le baromètre le plus suivi de ces anticipations, est remonté à un peu plus de 1,7%, au plus haut depuis trois semaines.

Mario Draghi a également confirmé l'engagement de la BCE à maintenir les taux directeurs à leurs niveaux ultra-bas actuels, "au moins jusqu'à l'été 2019", réfutant implicitement les appels de certains responsables de la politique monétaire à un resserrement plus rapide.

"Il était indispensable de piloter les anticipations d'évolution des taux directeurs car une évolution de l'inflation considérée par le Conseil des gouverneurs comme tendant à la rapprocher de l'objectif d'un ajustement durable était - et est toujours - conditionnée à une structure des taux d'intérêt à terme qui intègre l'anticipation de taux directeurs constants pendant une période prolongée après décembre 2018", a-t-il dit.

A l'issue de sa dernière réunion de politique monétaire, le 13 septembre, la BCE a annoncé l'arrêt de son programme de rachat de 2.600 milliards d'euros d'obligations d'ici la fin de l'année, tout en prévoyant de maintenir ses taux directeurs à leur niveau actuel "au moins jusqu'à l'été 2019".

Le gouverneur de la banque centrale autrichienne, Ewald Nowotny, a encore une fois appelé dimanche la BCE à normaliser "un peu plus vite que prévu" sa politique monétaire. Il s'est prononcé en faveur d'un relèvement du taux de la facilité de dépôt, l'un des trois taux directeurs, à -0,2% contre -0,4% aujourd'hui.

(Francesco Canepa, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)