Brésil : La crise de l'emploi, l'un des défis du prochain président

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Bresil: la crise de l'emploi, l'un des defis du prochain president[reuters.com]
(Crédits : Ricardo Moraes)

RIO DE JANEIRO (Reuters) - Près de 13 millions de Brésiliens, soit plus de l'équivalent de la population de la Grèce, sont au chômage alors que la plus importante économie d'Amérique du Sud peine toujours, un an après sa sortie officielle de la récession, à surmonter une crise de l'emploi.

Nombreux sont ceux qui ont dû se réinventer pour travailler, à l'image d'Alexander Costa.

Après avoir perdu son emploi chez un groupe alimentaire, le jeune homme a sondé le marché du travail et décidé de vendre des repas à petits prix le long d'une plage de Rio de Janeiro afin de subvenir aux besoins de sa famille.

"J'aurais pu rester à la maison à envoyer des CV, mais les postes sont rares, la situation très difficile", dit-il.

"Mais je ne suis pas resté sans bouger. J'ai décidé de faire quelque chose de différent (...), de me réinventer".

Le taux de chômage au Brésil oscille depuis 2016 entre 12% et 14%, et figure donc logiquement parmi les principales préoccupations des électeurs alors que se profile le premier tour de l'élection présidentielle, le 7 octobre.

Le député d'extrême droite Jair Bolsonaro, donné en tête des intentions de vote, et le candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche) Fernando Haddad, annoncent vouloir lutter contre le chômage qui a poussé beaucoup de Brésiliens vers des emplois dans des secteurs parallèles, sans congés payés ni autres avantages, enntraînant une baisse des recettes fiscales.

Ce n'est qu'en réduisant le taux de chômage que le Brésil pourra atteindre la hausse de la consommation des ménages dont il a besoin pour maintenir une croissance soutenue, a déclaré Marcos Casarin, directeur de recherche macroéconomique chez Oxford Economics pour l'Amérique du Sud.

Mais plusieurs années pourraient être nécessaires pour descendre sous la barre des 10% de taux de chômage, a-t-il ajouté, disant n'être "pas optimiste".

L'année dernière, le président sortant Michel Temer a revu la législation du travail avec pour but de rendre le marché de l'emploi plus flexible et de favoriser la création de postes, des mesures dont l'impact reste encore à vérifier.

Il sera compliqué pour le futur chef d'Etat de faire adopter l'ambitieuse réforme économique que les investisseurs étrangers appellent de leurs voeux, Bolsonaro et Haddad étant tous deux des figures contestées, très loin de faire l'unanimité.

Bolsonaro a promis d'effacer le déficit budgétaire primaire du Brésil d'ici 2020 en procédant à une réduction des dépenses et à des privatisations controversées.

Haddad propose d'étendre le mandat de la banque centrale pour y inclure le chômage, tout en stimulant les investissements publics en révoquant le plafond des dépenses et en abandonnant toute privatisation.

"Pour le moment, le Brésil fait face à un problème économique majeur, avec une absence d'emploi", dit Stefan Weiss, qui travaille sur une plateforme pétrolière mais vend lui aussi des repas pendant ses jours de repos afin de gagner un peu plus d'argent. "Ceux qui perdent leur emploi essaient de trouver de nouveaux moyens de s'implanter sur le marché."

(Gabriel Stargardter; Jean Terzian pour le service français)