Le sort du pasteur américain détenu en Turquie dépend de la justice, dit Erdogan

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Le sort du pasteur americain detenu en turquie depend de la justice, dit erdogan[reuters.com]
(Crédits : Osman Orsal)

par Parisa Hafezi et Stephen Adler

NEW YORK (Reuters) - Le sort du pasteur américain Andrew Brunson, poursuivi en Turquie pour terrorisme, ne dépend pas du pouvoir politique mais de la justice, a répété le président Recep Tayyip Erdogan, dans un entretien accordé mardi à Reuters, en marge de l'Assemblée générale de l'Onu.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo avait exprimé l'espoir, la veille, qu'il soit libéré ce mois-ci. Le pasteur évangélique a été placé en résidence surveillée en juillet après 21 mois de détention. Il est passible de 35 ans de prison.

"Il s'agit d'une affaire judiciaire. Brunson a été arrêté pour terrorisme (...) Le 12 octobre, il y aura une nouvelle audience. Nous ne savons pas ce que le tribunal décidera et les responsables politiques n'auront pas voix au chapitre.

"En tant que président, je n'ai pas le droit d'ordonner sa libération. Notre système judiciaire est indépendant", a souligné Recep Tayyip Erdogan, qui réclame depuis des mois l'extradition de Fethullah Gülen, le théologien turc exilé aux Etats-Unis, auquel il impute le putsch manqué de juillet 2016.

Donald Trump a ordonné en août le doublement des droits de douane sur l'aluminium et l'acier importés de Turquie pour protester contre le maintien en détention d'Andrew Brunson. La Turquie a riposté en taxant plus lourdement les voitures, les spiritueux et le tabac américains.

La livre turque a perdu près de 40% de sa valeur face au dollar cette année en raison des inquiétudes suscitées par la politique monétaire d'Erdogan et de la crise diplomatique avec Washington.

"L'affaire Brunson n'est même pas liée à l'économie turque. Les défis économiques actuels ont été exagérés et la Turquie surmontera ces défis avec ses propres ressources", a promis Recep Tayyip Erdogan.

Le chef de l'Etat a par ailleurs assuré que la Turquie continuerait à acheter du gaz naturel iranien, malgré les sanctions américaines contre Téhéran.

En ce qui concerne le conflit syrien, il juge la poursuite du processus de paix en impossible tant que le président Bachar al Assad est au pouvoir.

Ankara et Moscou sont convenues la semaine dernière d'instaurer à la mi-octobre une zone démilitarisée dans la province d'Idlib pour éviter une offensive des forces gouvernementales dans le dernier bastion rebelle qui aurait probablement causé de lourdes pertes civiles.

Les insurgés "d'orientation radicale", qui ne sont pas concernés par cet accord, doivent quitter la région, ce qu'ils ont commencé à faire, a assuré le président turc.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)