Salvini se conduit comme "Ponce Pilate", dit Loiseau

reuters.com  |   |  508  mots
Salvini se conduit comme ponce pilate, dit loiseau[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, qui a pris la décision en juin de fermer les ports de son pays aux migrants, est un "Ponce Pilate" qui "préfère regarder ailleurs" quand des candidats à l'exil traversent la Méditerranée au péril de leur vie, a déclaré mercredi Nathalie Loiseau.

Récusant les accusations du vice-président du Conseil italien, qui reproche à Emmanuel Macron son "hypocrisie" en matière d'immigration, la ministre aux Affaires européennes a déclaré sur RTL que la France prenait "sa part" dans l'accueil des naufragés et que le chef de l'Etat était "à chaque fois" à la manoeuvre pour leur prise en charge - ainsi des 58 rescapés de l'Aquarius.

"Pourquoi est-ce que l'Italie refuse de les accueillir?", a-t-elle lancé. "Les ports italiens sont fermés de la décision d'un homme, Matteo Salvini. Cette décision fait qu'aujourd'hui la justice italienne le poursuit pour séquestration."

"Monsieur Salvini aujourd'hui, c'est Ponce Pilate, c'est obscène. Quand il y a des gens qui sont en train de risquer de se noyer, monsieur Salvini préfère regarder ailleurs", a souligné Nathalie Loiseau.

Le ministre italien de l'Intérieur, réagissant dans un communiqué, a déclaré qu'"(il) n'accept(ait) pas les leçons de droit ou d'humanité de M. Macron". "Ces derniers mois, ajoute-t-il, il a blindé les frontières avec l'Italie et rejeté plus de 50.000 immigrants, en particulier des femmes et des enfants."

Dans un entretien à paraître jeudi dans Valeurs actuelles, Matteo Salvini dénonce la politique "hypocrite" d'Emmanuel Macron. "Il suffit de regarder quel genre de politique étrangère la France mène avec les pays africains pour s'en rendre compte", dit-il.

"Sans parler des milliers de personnes renvoyées vers l'Italie à la frontière de Vintimille, et des dizaines de morts survenues dans les Alpes", poursuit le ministre italien.

Il plaide pour "un effort commun européen pour créer des camps d'analyse des demandes d'asile en territoire libyen" face "au modèle en faillite qui consistait à sous-traiter les missions de surveillance et de secours à des ONG".

"100.000 demandes d'asile en France l'année dernière et depuis juin la France est le pays qui à chaque fois, quand ces bateaux sont arrivés au large des côtes européennes, a pris sa part alors que l'Italie, en tout cas Monsieur Salvini, s'y refusait", a répliqué la ministre française, précisant que la France prenait en charge 250 personnes.

"On parle d'une poignée de gens. Ce qui se passe depuis juin, ce n'est pas un afflux migratoire sans précédent, c'est même plutôt tout le contraire, il y a à peu près dix fois moins de traversées vers l'Italie que l'année dernière", a-t-elle relevé.

"A chaque fois, c'est Emmanuel Macron qui organise l'accueil et la répartition de ces naufragés. A chaque fois c'est lui qui prend son téléphone", a affirmé Nathalie Loiseau.

(Sophie Louet avec Crispian Balmer à Rome)