Darrieussecq veut se rendre en Algérie pour évoquer les disparus

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Darrieussecq veut se rendre en algerie pour evoquer les disparus[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - La secrétaire d'Etat française aux Armées envisage de se rendre début 2019 à Alger pour travailler notamment avec les autorités algériennes sur la question des disparus de la guerre d'Algérie et parvenir à "un acte de vérité" afin de "réconcilier les mémoires".

Geneviève Darrieussecq a annoncé mardi une série de mesures en faveur des harkis et de leurs familles au nom d'un "geste fort de reconnaissance" pour les quelque 150.000 Algériens recrutés comme supplétifs de l'armée française durant le conflit algérien (1954-1962).

Une enveloppe supplémentaire de 40 millions d'euros, inscrite dans le projet de loi de finances pour 2019, leur sera dévolue pour les quatre prochaines années.

"Nous souhaitons compléter la réparation, améliorer la reconnaissance et le chef de l'Etat le fera également. On fait un mauvais procès à la France en disant que rien n'a été fait", déclare Geneviève Darrieussecq mercredi dans Le Figaro.

Vingt-six anciens combattants harkis et représentants d'associations de harkis ont été récemment promus dans l'ordre de la Légion d'honneur et du mérite sur décision d'Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat a en outre reconnu le 13 septembre dernier la responsabilité de l'Etat français dans la mort de Maurice Audin, un mathématicien communiste et anticolonialiste arrêté le 11 juin 1957 pendant la bataille d'Alger.

"Il en va de l'apaisement et de la sérénité" de ceux que la guerre "a meurtris, dont elle a bouleversé les destins tant en Algérie qu'en France", plaide-t-il.

IL FAUT ÊTRE "PATIENT" SUR LE RETOUR DES HARKIS

Ainsi le gouvernement français espère-t-il progresser à la faveur de ces gestes dans le "travail de mémoire" entrepris avec les autorités d'Alger, très rétives sur la question des harkis.

S'agissant des disparus - "1.500 civils et 500 militaires français qui n'ont jamais été retrouvés" -, "je voudrais que les choses avancent", souligne Geneviève Darrieussecq.

"Il faut qu'on se mette d'accord sur une méthode. J'aimerais pouvoir me rendre en Algérie début 2019 et aborder notamment cette question", précise-t-elle dans Le Figaro.

"L'idée est de parvenir à un acte de vérité afin d'avancer vers une réconciliation des mémoires, qui resteront différentes, mais qui pourront se parler, se côtoyer."

A la fin de la guerre d'Algérie, quelque 60.000 harkis ont été admis en France mais 55.000 à 75.000 autres, selon les historiens, ont été abandonnés en Algérie où ils ont été victimes de représailles de la part des nationalistes.

En 2001, Jacques Chirac avait reconnu la "dette d'honneur" de la France envers les harkis. Ses successeurs Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient évoqué respectivement la "responsabilité collective" de la France et les "responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines de ceux transférés en France".

Les deux pays, souligne par ailleurs Geneviève Darrieussecq, ont "besoin de temps" pour aborder la question du droit au retour des harkis en Algérie, auquel Alger est hostile.

"Il faut être patient et persuasif et, avec nous, le ministre des Affaires étrangères continue à travailler sur le sujet."

(Sophie Louet avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)