Italie : Le "revenu de citoyenneté" figurera au budget 2019

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Italie: le revenu de citoyennete figurera au budget 2019, dit tria[reuters.com]
(Crédits : Tony Gentile)

ROME (Reuters) - Le ministre italien de l'Economie, Giovanni Tria, a annoncé mercredi que deux réformes - le "revenu de citoyenneté" et la possibilité de partir plus tôt à la retraite - seraient prises en compte dans le budget 2019, conformément aux demandes des partis de la coalition gouvernementale.

Le gouvernement formé en juin exposera jeudi les objectifs économiques et financiers sur lesquels repose le projet de budget, qui doit être adopté par le conseil des ministres puis présenté à la mi-octobre à Bruxelles.

Le ministre a déclaré que le "revenu de citoyenneté" - revenu minimum versé aux plus défavorisés - permettrait de s'attaquer aux conséquences sociales des évolutions technologiques. Quant à la possibilité de prendre sa retraite plus tôt, elle permettra selon lui de fournir du travail à une main-d'oeuvre plus jeune et plus qualifiée.

Le Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système), qui gouverne avec la Ligue (extrême droite) avait menacé mardi, par la voix de son chef de file Luigi Di Maio, de ne pas voter le budget si ces deux réformes n'étaient pas prises en compte, de même que plusieurs autres mesures.

Le même Luigi Di Maio, qui est vice-président du Conseil, a assuré mercredi que le budget 2019 aurait un impact important sur le pays.

"Avec cette loi de programmation budgétaire, nous allons résolument abolir la pauvreté", a-t-il dit à la télévision publique, la RAI.

Les marchés financiers comptent sur Giovanni Tria, un universitaire sans aucune affiliation politique, pour maintenir sous contrôle les finances publiques et réfréner certaines ardeurs du gouvernement qui pourraient se révéler désastreuses pour l'équilibre budgétaire.

La dette publique de l'Italie, troisième économie de la zone euro, atteint le niveau historique de 2.311 milliards d'euros, soit environ 131% du PIB.

Dans son allocution, le ministre de l'Economie a tenté de trouver un point d'équilibre, promettant des mesures favorables à la croissance tout en conservant la confiance des marchés et en évitant un affrontement frontal avec la Commission européenne.

HAUSSE DES INVESTISSEMENTS PUBLICS

"Nous travaillons sur un ensemble de mesures qui montrent que tout le monde devrait faire confiance à l'Italie, pas seulement à propos des finances publiques mais aussi à propos de notre croissance économique", a-t-il dit.

L'économie italienne est la plus atone de la zone euro et le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a triplé au cours des dix dernières années.

Le budget portera les investissements publics à 3% du PIB d'ici trois ans, a précisé Giovanni Tria, contre environ 2% en 2017.

Les objectifs ainsi revus "enverront un message aux marchés" afin de les rassurer sur le budget italien, a-t-il poursuivi, avec la volonté de réduire de moitié l'an prochain l'écart de croissance entre l'Italie et le reste de l'UE.

A l'issue de son discours, les rendements des obligations italiennes, qui s'étaient orientés à la baisse en cours de matinée, ont accentué leur repli. L'écart entre les obligations italiennes de référence à 10 ans et l'équivalent allemand est tombé à 228 points de base, six points de moins que mardi.

Le ministre a mis en garde contre les "vaines querelles" avec la Commission européenne sur les projets budgétaires de l'Italie, soulignant que la stabilité des marchés financiers était une condition préalable à la relance de l'économie.

Les relations au sein du gouvernement se sont tendues ces dernières semaines, le M5S accusant le ministère de l'Economie de chercher à entraver la mise en oeuvre de ses promesses électorales.

Giovanni Tria, qui voulait à l'origine que le déficit 2019 ne dépasse pas 1,6% du PIB, est désormais disposé à accepter un ratio d'environ 1,9%, selon des sources gouvernementales.

Le M5S et la Ligue continuent de réclamer un déficit entre 2% et 2,5% pour financer leurs promesses, notamment la hausse des aides sociales et la réduction des impôts.

Pour le ministre de l'Economie, les baisses d'impôts doivent d'abord concerner en 2019 les sociétés puis être étendues aux particuliers les années suivantes.

(Giuseppe Fonte; Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)