"Manifeste" de personnalités pour l'accueil des migrants

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manifeste de personnalites pour l'accueil des migrants[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Quelque 150 intellectuels, artistes et militants associatifs jugent illusoire, dans un "manifeste pour l'accueil des migrants" publié mercredi, de vouloir contenir ou interrompre les flux migratoires et appellent à ne rien céder à l'extrême droite.

"Partout en Europe, l'extrême droite progresse, la passion de l'égalité est supplantée par l'obsession de l'identité, la peur de ne plus être chez soi l'emporte sur la possibilité de vivre ensemble", écrivent les signataires parmi lesquels figurent la comédienne Josiane Balasko, l'écrivain Annie Ernaux, l'économiste Thomas Piketty et le metteur en scène Olivier Py.

"Nous ne l'acceptons pas. Les racines des maux contemporains ne sont pas dans le déplacement des êtres humains, mais dans le règne illimité de la concurrence et de la gouvernance, dans le primat de la finance et dans la surdité des technocraties", soulignent-ils.

"Il est illusoire de penser que l'on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire", peut-on lire dans ce manifeste publié par Mediapart. "Il ne faut faire aucune concession à ces idées, que l'extrême droite a imposées, que la droite a trop souvent ralliées et qui tentent même une partie de la gauche."

"Nous, intellectuels, créateurs, militants associatifs, syndicalistes et citoyens avant tout, affirmons que nous ne courberons pas la tête (...) La liberté de circulation et l'égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d'accueil sont des droits fondamentaux de l'humanité."

Emmanuel Macron, qui a promis une "refondation complète" de la politique migratoire en France, défend depuis son élection une ligne "ferme" qui prévoit "l'éloignement effectif" des migrants déboutés du droit d'asile tout en assurant un "accueil digne" aux personnes en relevant.

Les associations et la gauche accusent régulièrement le couple exécutif de privilégier la ligne sécuritaire sur la ligne humanitaire et d'aller plus loin que ce qui avait été fait sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Interrogé mardi aux Nations unies sur le refus de la France d'accueillir le navire humanitaire Aquarius, le chef de l'Etat a invoqué la nécessité de protéger le droit international des "provocations" politiques et de ne pas renforcer l'extrême droite en ouvrant grand les portes du pays.

(Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)