Venezuela : Un opposant en détention se suicide, l'opposition accuse le gouvernement

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Venezuela: un opposant en detention se suicide, l'opposition accuse le gouvernement[reuters.com]
(Crédits : Carlos Garcia Rawlins)

CARACAS (Reuters) - Le gouvernement vénézuélien a déclaré lundi qu'un élu de l'opposition s'était suicidé en se jetant du dixième étage du siège des services de renseignement du Venezuela (SEBIN), où il était détenu, alors que son parti politique estime qu'il a été tué par les autorités.

Le conseiller municipal Fernando Alban, 56 ans, a été emprisonné vendredi pour son rôle supposé dans l'explosion de deux drones lors d'un défilé militaire à Caracas en août, au cours duquel le président Nicolas Maduro prononçait un discours, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Nestor Reverol.

"Il devait être déféré devant un juge mais, alors qu'il était dans la salle d'attente du SEBIN, il s'est jeté par la fenêtre", écrit-il sur Twitter.

Une version qui diffère de celle du procureur général Tarek Saab, selon laquelle Fernando Alban aurait demandé à se rendre aux toilettes, d'où il se serait ensuite défenestré.

Pour le parti Justice d'abord, dont Fernando Alban était membre, le gouvernement de Maduro est responsable de sa mort.

"C'est avec une grande souffrance et une soif de justice que nous annonçons au peuple vénézuélien (...) que le conseiller Fernando Alban a été assassiné par le régime de Nicolas Maduro", a déclaré le parti.

L'opposition et les groupes de défense des droits humains ont prévenu à plusieurs reprises que l'administration Maduro détenait des centaines de prisonniers politiques sous de fausses accusations afin de museler les dissidents.

Les autorités ont arrêté 30 personnes en lien avec l'explosion du 2 août, qui a fait sept blessés dans les rangs de l'armée vénézuélienne.

A Genève, le bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a demandé une enquête indépendante sur le décès de Fernando Alban.

"La nouvelle de ce décès nous préoccupe, et aussi le fait qu'il (Alban) n'ait pas été présenté à un juge dans les quarante-huit heures, comme l'exige la loi vénézuélienne", a dit la porte-parole du Haut Commissariat, Ravina Shamdasani.

"Nous appelons donc à une enquête transparente et indépendante pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort. Il y a des informations contradictoires sur ce qui s'est passé", a-t-elle ajouté.

(Mayela Armas avec Corinas Pons et Vivian Sequera, Stephanie Nebehay à Genève; Arthur Connan et Guy Kerivel pour le service français)