Investir dans les robots, une riche idée, selon Lyxor

reuters.com  |   |  657  mots
Investir dans les robots, une riche idee, selon lyxor[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Non contentes de changer le monde, l'intelligence artificielle et la robotique s'invitent également dans l'univers de la gestion, comme l'illustre le fonds indiciel coté que vient de lancer Lyxor.

Pour la conception de son ETF Lyxor Robotics & AI (Artificial Intelligence), dont le nom affiche clairement la couleur, la filiale de gestion d'actifs de Société Générale a fait appel à l'écrivain américain Martin Ford, grand spécialiste des bouleversements technologiques en cours.

L'indice dont le fonds a pour objet de répliquer la performance porte d'ailleurs le nom de son dernier succès de librairie, qui parle de l'impact de l'accélération dans ces domaines sur le marché du travail.

Voici donc le "Rise of the Robots Index", dont Martin Ford a dessiné les contours avec l'équipe de Daniel Fermon, responsable de la recherche cross-asset thématique chez Société Générale Corporate and Investment Banking (SGCIB).

"Nous avons lu son livre et nous nous sommes dit, voilà quelqu'un qui connaît tout sur le sujet", raconte Daniel Fermon.

"L'idée était très simple", poursuit-il. "Nous savons que l'intelligence artificielle va affecter absolument tout. Ce n'est pas seulement une révolution technologique mais également une révolution économique et il nous fallait concevoir un outil permettant d'y investir."

LES ALGORITHMES MIS À CONTRIBUTION

Il existe bien des fonds spécialisés mais choisir les valeurs pour définir un univers n'était pas chose facile et nécessitait le concours d'un expert, explique-t-il.

"Nous avons utilisé des données avec les deux mots que sont intelligence artificielle et robotique en nous concentrant sur trois secteurs - l'industrie, la pharmacie et les technologies de l'information. Nous avons croisé nos approches avec Martin pour finir avec 210 entreprises dans notre univers".

Des algorithmes mesurant notamment les investissements en recherche, la rentabilité et les perspectives de croissance des candidats ont permis ensuite d'écrémer la sélection pour parvenir à un indice de 150 valeurs très variées, certaines très grosses, comme Facebook, et d'autres beaucoup plus petites.

La collaboration avec Lyxor était naturelle, explique pour sa part Martin Ford.

"L'intelligence artificielle a déjà un impact énorme sur les marchés", dit-il. "Le trading est en grande majorité algorithmique et il y a eu déjà quelques cas spécifiques, comme le "flash crash" d'il y a quelques années, pour lequel certains avaient mis en cause ces algorithmes."

L'ÉCONOMIE EN PLEINE RÉVOLUTION

Il est tout de même permis de penser que ces technologies rendront les marchés plus efficaces grâce à des algorithmes contrôlant tout en permanence et capables d'effectuer des transactions en une infime fraction de seconde, ajoute-t-il.

"Dans notre indice, nous avons des entreprises comme Goldman Sachs et JPMorgan, parce que cela va bouleverser la finance, mais aussi la santé, les transports, les usines. Tout, en fait, même si certains secteurs seront affectés plus rapidement que d'autres. On ne sait pas vraiment à quoi vont ressembler les choses, c'est assez imprévisible."

La finance sera changée, mais aussi l'économie dans son ensemble, avec des risques d'inégalités croissantes entre ceux qui sauront maîtriser les changements et les autres, prévient-il.

Contrairement à d'autres, il pense que la révolution en cours sera brutale pour les économies émergentes, qui ont bâti leur prospérité sur une industrie manufacturière appelée à disparaître.

En attendant que le monde autour de lui soit transfiguré, Martin Ford aura des choses à faire puisqu'il est en train d'écrire un nouveau livre et qu'il lui faudra tous les ans aider Lyxor à rafraîchir la liste des valeurs méritant de figurer dans son indice.

"C'est un univers qui change tout le temps parce que de nombreux acteurs de ces secteurs sont des start-up appelées à grandir, à être rachetées ou à s'introduire en Bourse", dit-il.

(édité par Blandine Hénault)