Face aux Chinois, Michelin veut des tests de pneus plus sévères

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Michelin veut des tests de pneus plus severes[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Michelin milite pour un durcissement de la procédure d'homologation des pneumatiques en Europe tandis que Bridgestone réfléchit à l'opportunité de cette mesure, qui permettrait au passage d'endiguer la concurrence effrénée des pneus chinois sur le continent.

Le réglement 661 du Parlement européen et du Conseil du 13 juillet 2009, qui régit les prescriptions pour l'homologation, pourrait être réformé en janvier prochain. Au Mondial de l'automobile, le président de Michelin avait bon espoir qu'un test du pneu, une fois usé, soit intégré à cette occasion dans la procédure.

"Il faut prêter attention à la performance d'un pneu quand il est neuf, mais aussi quand il est vieux. Donc il faut changer la réglementation", a plaidé Jean-Dominique Senard lors d'un déjeuner organisé pour les journées presse.

Michelin pourrait en tirer un avantage compétitif. Il a réalisé en mai en Allemagne des essais pour démontrer, en présence d'un huissier, que ses pneus conservaient leurs performances de freinage sur sol mouillé jusqu'à la limite légale d'usure de 1,6 mm. Grâce notamment à la présence de sculptures fantômes noyées dans la gomme et qui émergent au fur et à mesure que le pneu s'use.

Selon le groupe clermontois, entre 2012 et 2017, la part de marché des pneus asiatiques, chinois pour l'essentiel, a flambé de 5% à 30% pour les articles de remplacement. Sans nommer ces nouveaux concurrents, Michelin laisse entendre que tous les pneumaticiens ne garantissent pas un niveau de sécurité identique tout au long de la vie de leurs pneus.

"Tous les pneus ne sont pas égaux dans la dégradation de leurs performances, même si elles peuvent être identiques à l'état neuf", a-t-il écrit dans son dossier de presse du Mondial 2018.

Michelin aimerait rallier à sa campagne d'autres concurrents historiques.

Un porte-parole de Bridgestone n'a pas souhaité faire de commentaire sur la position de Michelin tout en soulignant que le groupe japonais prêtait attention au sujet.

"En ce moment, nous réfléchissons à la question de l'importance de la performance des pneus usés sur sol mouillé et au futur de la législation dans ce domaine", a-t-il ajouté.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de l'allemand Continental.

(Gilles Guillaume, avec Naomi Tajitsu à Tokyo et Edward Taylor à Francfort, édité par Jean-Michel Bélot)