Macron à Paris, le compte à rebours du remaniement relancé

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(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Après une visite de deux jours en Arménie loin du tumulte de la politique intérieure, Emmanuel Macron rentre ce vendredi soir en France où les discussions se poursuivent sur la composition de la prochaine équipe gouvernementale qui devrait être présentée dans les prochaines heures - ou les prochains jours.

Juste avant de quitter Erevan, où il a assisté au XVIIe sommet de la francophonie, le chef de l'Etat est sorti pour la première fois de son silence en confiant que les "choses avancent" et en expliquant qu'il essayait de procéder "dans le calme" et de "manière professionnelle".

"Dans n'importe quelle organisation (...), quand on veut agir avec les gens, on prend le temps de les connaître, de s'assurer qu'on pense la même chose, de bien vérifier tous les éléments", a-t-il déclaré à France 24 et RFI. Mais "quand il s'agirait d'un gouvernement, il faudrait que ça se fasse du jour au lendemain, parce qu'on s'est habitués au fait que les uns et les autres étaient interchangeables, qu'au fond c'étaient des têtes de gondole".

"C'est important, ce sont des engagements, et donc il faut faire les choses avec calme, méthode, au bon rythme", a-t-il ajouté, en réponse aux critiques émises par l'opposition qui a vu dans le temps pris pour former un nouveau gouvernement un "signe de fébrilité" et un manque de "vivier politique".

En deux jours, la tension politique - très vive depuis dix jours - a baissé d'un cran. Mais près de deux semaines après la démission surprise du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, le flou plane toujours sur le nouveau visage du gouvernement d'Edouard Philippe qui doit permettre à l'exécutif, malmené dans les sondages, de lancer l'an II du quinquennat.

Vendredi soir, samedi ou lundi? Aucune date n'a pour l'heure été communiquée pour le jour choisi par le chef de l'Etat et le Premier ministre pour dévoiler la nouvelle architecture qui devrait, selon un conseiller, se traduire par "des entrants", des "sortants" et des changements de périmètres ministériels.

ENJEU DES EUROPÉENNES

Les noms continuent eux de circuler. Dernier en date, celui du sénateur socialiste de la Drôme, Didier Guillaume qui pourrait remplacer Stéphane Travert au ministère de l'Agriculture. Au total, selon Le Parisien, sept noms ont été transmis à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), afin de vérifier le statut fiscal des potentiels nouveaux ministres.

Outre Didier Guillaume, le quotidien cite l'ancienne secrétaire d'Etat à l'Aide aux victimes de François Hollande Juliette Méadel, le député Agir Franck Riester, le porte-parole de La République en Marche (LaRem) Gabriel Attal, le chef de file des députés MoDem Marc Fesneau ou encore le président de LaRem Christophe Castaner et l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard.

La capacité du chef de l'Etat, qui s'est engagé pendant la campagne à gouverner avec "des gens venant de la gauche, du centre et de la droite, à composer avec d'autres formations politiques sera scrutée à l'approche des élections européennes de mai 2019 et municipales de 2020.

Un enjeu bien compris par certains ténors de la droite qui, à l'image de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui ont appelé cette semaine Emmanuel Macron à inscrire à sortir "du tout En Marche" pour entrer dans une "logique de coalition", notamment avec le centre-droit, en vue des Européennes.

Dans cette perspective, Edouard Philippe, issu des rangs de la droite, aurait tenté de pousser en faveur de la nomination de Franck Riester ou encore du maire d'Angers Christophe Béchu, des informations que ni Matignon ni l'Elysée n'ont souhaité commenter.

"Le sentiment qu'il y a une volonté de faire plier l'autre, honnêtement, c'est une illusion totale", a simplement indiqué cette semaine un conseiller d'Emmanuel Macron, balayant l'idée d'un bras de fer au sommet de l'Etat. "Le Premier ministre a fait des propositions, certaines ont été retenues, d'autres non".

L'opposition politique, elle, ne désarme pas.

"C'est une situation qui a beaucoup trop duré", a estimé l'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux (Les Républicains), sur BFM TV. Edouard Philippe, qui assure la double casquette de Premier ministre et de ministre de l'Intérieur depuis dix jours, "est obligé de se démultipplier partout et, vous savez, à force de trop courir généralement on se mélange les genoux."

(Marine Pennetier, avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)