Brexit : Toujours pas d'accord, malgré l'effervescence à Bruxelles

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Brexit: toujours pas d'accord, malgre l'effervescence a bruxelles[reuters.com]
(Crédits : Simon Dawson)

par Gabriela Baczynska, Elizabeth Piper et Alastair Macdonald

BRUXELLES/LONDRES (Reuters) - La Grande-Bretagne et l'Union européennes ne sont pas parvenues à s'entendre sur la question de la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, au terme de nouvelles négociations-marathon, organisées dimanche à trois jours d'un Conseil européen crucial pour les conditions du divorce.

Selon quatre sources bruxelloises interrogées par Reuters, les deux parties ont même souhaité marquer une pause dans les négociations, qui ne pourront donc aboutir avant ce sommet.

"Le Royaume-Uni est toujours déterminé à faire des progrès lors du Conseil européen d'octobre", assure toutefois le ministère britannique du Brexit, dans un communiqué.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des "27" pays décidés à rester membres de l'UE doivent se retrouver mercredi pour un dîner à Bruxelles et la Première ministre britannique Theresa May les rejoindra jeudi.

"Malgré d'intenses efforts, certains problèmes clés sont toujours en suspens, notamment la clause de sauvegarde (...) afin d'éviter une frontière dure" entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, a reconnu dans la soirée Michel Barnier, négociateur en chef de l'UE, sur Twitter après avoir reçu Dominic Raab, ministre britannique du Brexit.

Les ambassadeurs des 27 autres Etats membres ont par ailleurs été convoqués pour une réunion distincte, ce qui a fait dire à certains qu'un accord était en vue. L'information a ensuite été démentie.

Dominic Raab a décidé de se rendre à Bruxelles lorsque que les deux parties "se sont accordées sur la nécessité de discussions en face à face" au sujet des "grands problèmes qui restent à résoudre".

Le plus épineux reste donc la frontière irlando-nord-irlandaise. Londres et Bruxelles ont promis de tout faire pour éviter le rétablissement de contrôles à cette frontière d'un demi-millier de kilomètres, si les deux parties ne parviennent pas à s'entendre sur les conditions de leur divorce.

Le rétablissement d'une "frontière dure" mettrait en péril les accords de paix du Vendredi Saint, qui ont mis fin en 1998 à trente ans de conflit armé entre nationalistes et unionistes nord-irlandais.

L'UE souhaite que la province d'Irlande du Nord reste assujettie aux règles européennes si aucun accord commercial n'est conclu, mais Theresa May et ses alliés nord-irlandais s'y oppose.

"TERRIBLE ERREUR"

Le Parti unioniste démocrate (DUP), dont l'appui a permis au gouvernement conservateur de retrouver la majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin 2017, a jugé ce week-end que ce "backstop" reviendrait à une "annexion" de la province.

Le mouvement avait menacé jeudi de s'associer à une motion de censure à la chambre des Communes, si la province est traitée différemment du reste du Royaume-Uni après le Brexit. Le projet suscité également de vives tensions au sein du Parti conservateur.

L'ancien ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, qui s'exprimait samedi dans la presse nord-irlandaise, juge que Theresa May a commis une "terrible erreur" en acceptant le principe de cette clause de sauvegarde. "La seule façon de remettre les choses sur la bonne voie, c'est d'abandonner ce backstop", écrit-il.

David Davis, prédécesseur de Dominic Raab au ministère du Brexit qui a démissionné en juillet tout comme Boris Johnson, a quant à lui reproché dimanche au gouvernement d'avoir accepté "les conditions de l'UE sur la question de la frontière avec l'Irlande du Nord".

"C'est l'une des décisions les plus fondamentales que le gouvernement ait prises à l'époque moderne. Il est temps pour les membres du gouvernement d'exercer leur autorité collective. Cette semaine, c'est le respect de notre Constitution qui est en jeu", dit-il dans une tribune publiée par le Sunday Times.

David Davis exhorte à nouveau la Première ministre à renoncer au "plan de Chequers" approuvé en juillet par son gouvernement, qui prévoit l'instauration d'une zone de libre-échange avec l'UE pour les produits manufacturés et agricoles.

Bruxelles "l'a rejeté. Le public ne l'aime pas. Le Parlement ne votera pas pour", conclut-il.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)