Médecins du Monde alerte sur l'accès aux soins des plus précaires

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(Crédits : Vincent Kessler)

PARIS (Reuters) - Médecins du Monde appelle mardi les pouvoirs publics à être plus ambitieux pour garantir l'accès aux soins des plus précaires sur fond de dégradation de leurs conditions de vie, une question qui rejoint notamment celle de l'accueil des migrants.

Dans un rapport annuel publié à la veille de la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, l'association médicale qui gère 15 Centres d'accueil de soins et d'orientation (Caso) en France pour les plus démunis demande un accès sans obstacle à l'assurance maladie pour tous.

"L'Aide médicale d'État (AME) doit disparaître au profit d'un régime général de la Sécurité sociale plus accessible et étendu à l'ensemble des personnes résidentes de notre pays", demande l'association, déplorant la place insuffisante accordée aux questions de santé dans la lutte contre la pauvreté.

Parmi les 24.338 personnes accueillies l'an dernier dans des centres de Médecins du Monde, 96,6 % sont des ressortissants étrangers, originaires d'Afrique subsaharienne (45,1%), du Maghreb (23,8%) et de l'Union européenne (13,1%).

Quatorze pour cent des patients sont mineurs (dix ans en moyenne), quatre patients sur dix sont en situation irrégulière au regard du séjour, 11% sont demandeurs d'asile.

L'ACCUEIL DES EXILÉS EN CRISE

"Cette année 2017 et le début de l'année 2018 ont été marqués par les effets de la crise de l'accueil des exilés en France", note Yannick Le Bihan, directeur des Opérations France, en exergue du rapport.

"Les équipes de Médecins du Monde ont constaté, au cours de cette année, les conséquences de l'absence d'accueil digne et inconditionnel (...): grandes difficultés pour accéder à des soins adaptés, renoncement aux soins, refus de soins, vie à la rue, dans des campements insalubres entraînant santé somatique dégradée et santé psychique fragilisée".

L'association demande la création de lieux d'accueil inconditionnels et hospitaliers pour les exilés sur tout le territoire.

Emmanuel Macron a présenté à la rentrée un plan de lutte contre la pauvreté doté de huit milliards d'euros appelé à entrer au vigueur au 1er janvier, axé sur l'enfance, la jeunesse, le retour à l'emploi mais aussi l'extension de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) afin de simplifier l'accès aux droits des personnes les plus vulnérables.

Le rapport de Médecins du Monde sur la très grande précarité s'inscrit sur fond de stabilisation de la pauvreté en France l'an dernier. Selon l'Insee, en 2017, 8,8 millions de personnes, soit 14% de la population - un taux inchangé par rapport à 2016 - étaient en situation de pauvreté monétaire, avec un niveau de vie inférieur à 60% du revenu médian.

"La décennie 2000, et plus encore la crise déclenchée en 2008, ont marqué un retournement historique de la tendance : la pauvreté ne diminue plus en France", résume l'Observatoire des inégalités, dans son tableau de bord de la pauvreté annuel.

L'observatoire, qui retient une définition plus restrictive du seuil de pauvreté - la moitié du revenu médian (855 euros par mois) - relève que le taux de pauvreté s'est stabilisé entre 2013 et 2016, mais qu'il est désormais entré dans une période d'incertitude marquée notamment par un arrêt de la diminution du nombre d'allocataires du revenu de solidarité active (RSA), "un mauvais signe" sur fond de croissance atone.

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)