La croissance du PIB chinois au troisième trimestre sera la plus faible depuis 2009

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La croissance du pib chinois au troisieme trimestre sera la plus faible depuis 2009[reuters.com]
(Crédits : David Gray)

par Kevin Yao

PEKIN (Reuters) - La croissance économique de la Chine devrait ralentir au troisième trimestre pour tomber à son plus bas niveau depuis la crise financière, selon une enquête réalisée par Reuters, qui illustre les pressions croissantes que fait peser le conflit commercial avec les Etats-Unis sur la deuxième puissance économique mondiale.

La demande intérieure a ralenti ces derniers mois et la campagne de Donald Trump pour forcer la Chine à modifier ses pratiques en terme de commerce, de propriété intellectuelle et de subventions à l'industrie commence à peser sur les exportations du pays.

Pékin tente de contrer un atterrissage brutal de son économie en adaptant sa politique monétaire et en évitant de surenchérir dans le différend commercial qui l'oppose aux Etats-Unis.

Mais les analystes estiment que d'autres mesures de soutien seront nécessaires alors que les risques pesant sur les perspectives de croissance de la Chine se sont accrus depuis le second semestre de cette année.

Selon un sondage réalisé auprès de 68 économistes, le produit intérieur brut (PIB) de la Chine devrait avoir progressé de 6,6% sur la période de juillet à septembre en rythme annuel, après une croissance de 6,7% au deuxième trimestre.

Cela marquerait le plus faible taux de croissance de la Chine depuis le premier trimestre de 2009.

La prévision de croissance pour le troisième trimestre reste toutefois supérieure à l'objectif fixé par le gouvernement d'une progression d'environ 6,5% du PIB pour l'ensemble de l'année.

"Les pressions sur l'économie sont relativement importantes, la consommation faiblit et les investissements dans les infrastructures doivent encore se stabiliser" après un ralentissement, observe Tang Jianwei, économique chez Bank of Communications à Shanghai.

"Il est nécessaire d'ajuster la politique monétaire alors que les pressions externes augmentent".

Les récents indicateurs conjoncturels ont mis au jour une faiblesse de la demande intérieure, des investissements dans les infrastructures aux dépenses de consommation, sur fond de tensions sur les coûts d'emprunts des entreprises chinoises lourdement endettées.

Le Bureau national de la statistique a annoncé mardi que la hausse des prix à la production avait ralenti en septembre pour le troisième mois consécutif.

Les chiffres du commerce extérieur, parus vendredi, ont aussi montré une hausse inattendue des exportations chinoises le mois dernier, ce qui pourrait s'expliquer par le fait que les entreprises ont accéléré leurs expéditions dans la perspective d'un relèvement supplémentaire et généralisé des droits de douane américains.

Certaines données concernant les exportations des grandes villes et provinces chinoises signalent que le renforcement des barrières douanières a déjà pesé sur l'activité. La province de Guangdong, la plus importante en Chine en terme de PIB, a fait état d'une chute de ses exportations sur les huit premiers mois par rapport à la même période l'an passé.

La Chine et les Etats-Unis se sont engagés dans une série de mesures, représailles et contre-représailles commerciales qui se sont traduites par un renforcement des tarifs douaniers.

Les Etats-Unis ont décidé de taxer un montant représentant 200 milliards de dollars de produits chinois à hauteur de 10%, un taux qui pourrait être porté à 25% d'ici la fin de l'année.

De son côté, Pékin a décidé d'appliquer des droits de douane allant de 5% à 10% sur 60 milliards de dollars de produits américains.

LA POLITIQUE MONÉTAIRE EN SOUTIEN

Le gouvernement chinois a dévoilé ces derniers mois des mesures pour abaisser les coûts de financement, réduire les impôts et développer les projets en infrastructures, mais les analystes estiment que l'effet de ces dispositions sur l'économie pourrait prendre du temps.

La Banque populaire de Chine (BPC) a réduit le taux des réserves obligatoires des banques quatre fois cette année pour les encourager à accorder davantage de crédits. Mais la banque centrale rencontre des difficultés pour développer le crédit aux plus petites entreprises, ce qui est crucial pour soutenir la croissance de l'économie et créer des emplois.

Durant le week-end, le gouverneur de la BPC, Yi Gang, a dit que la Chine avait encore de la marge pour ajuster ses taux d'intérêt et le ratio de réserves obligatoires des banques (RRR) étant donné les risques significatifs liés aux tensions commerciales avec les États-Unis.

La Chine publiera vendredi les chiffres de croissance de son PIB pour le troisième trimestre, en même temps que les données sur la production industrielle, les ventes au détail et les investissements immobiliers pour le mois de septembre.

Selon l'enquête de Reuters, les économistes attendent une croissance du PIB de 1,6% par rapport au trimestre précédent, contre +1,8% en rythme séquentiel au deuxième trimestre.

L'agence d'évaluation financière S&P Global Ratings a par ailleurs prévenu mardi que la dette "cachée" des provinces chinoises pourrait s'élever à 40.000 milliards de yuan (environ 5 milliards d'euros). En incluant cette dette, le taux d'endettement de la Chine aurait atteint le niveau "alarmant" de 60% du PIB en 2017, selon S&P.

(Kevin Yao, avec Kushboo Mittal à Bangalore, Wang Jing à Shanghai et Ryan Woo à Pékin, Blandine Hénault pour le service français, édité par)