Rexecode pessimiste sur la croissance, prône des réformes

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Rexecode pessimiste sur la croissance, prone des reformes[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

PARIS (Reuters) - La croissance de l'économie française devrait continuer de ralentir l'an prochain en France, selon l'institut Rexecode, qui invite le gouvernement à accentuer l'effort en faveur de la compétitivité des entreprises.

Dans ses perspectives 2019 publiées mardi, l'institut économique proche du patronat voit la croissance française ralentir à 1,3% en 2019 - après 1,6% cette année - un niveau bien inférieur à la prévision de 1,7% de l'exécutif.

A ce niveau, les attentes de Rexecode s'avèrent également inférieures à celles des organisations internationales et de la Banque de France, qui se situent pour l'instant dans une fourchette allant de 1,6% à 1,8%.

A partir de là, les économistes de l'institut plaident pour "un renforcement aussi rapide que possible du potentiel de croissance" de l'économie française, même s'ils notent que les réformes déjà mises en oeuvre depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron devraient exercer des effets bénéfiques à moyen terme sur la croissance potentielle et l'emploi.

Selon eux, les mesures engagées, ainsi que celles prévues dans les textes budgétaires pour 2019, stimuleront le produit intérieur brut (PIB) potentiel de la France de 0,9 à 1,3 point à un horizon de cinq à sept ans.

"Ceci signifie que grâce aux mesures prises, le PIB potentiel pourrait être à moyen terme supérieur au niveau qu'il aurait eu en l'absence de ces réformes d'environ 20 à 30 milliards d'euros", soulignent les économistes de l'institut.

"En termes d'emploi, l'impact serait un supplément de créations d'emplois de l'ordre de 250.000 à 300.000", précisent-ils.

TAXE D'HABITATION ET RETRAITES DANS LE VISEUR

D'après leurs travaux, ce surcroît de PIB potentiel serait alimenté par un certain nombre de mesures aux retombées positives, avec un impact allant jusqu'à 0,6 point pour la réforme de la fiscalité du capital (suppression de l'ISF et la mise en place du prélèvement forfaitaire unique) et la réforme du code du Travail.

La baisse progressive programmée de l'impôt sur les sociétés contribuerait également à cette progression (entre 0,3 et 0,4 point), tout comme la loi Pacte et la "bascule" des cotisations sociales salariales vers la CSG, avec un impact moindre, estimé à 0,1 point.

A l'inverse, la fiscalité environnementale et la transformation du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) en baisse de charges pérenne exerceront un effet défavorable cumulé pouvant aller jusqu'à 0,6 point de PIB.

"Au total, au stade actuel, le bilan prévisible de l'ensemble des mesures est positif pour le moyen terme, mais insuffisamment pour obtenir une trajectoire macroéconomique et budgétaire cohérente avec les objectifs affichés pour le quinquennat", observent les économistes de Rexecode.

Pour renforcer la compétitivité des entreprises françaises, ils plaident donc une nouvelle fois pour une baisse des impôts de production - ils estiment qu'une réduction de huit milliards d'euros de celle-ci pourrait être financée en renonçant à l'élargissement de l'exonération de la taxe d'habitation sur la résidence principale aux 20% des ménages les plus aisés.

"La suppression totale de la taxe d'habitation, bien que populaire, n'a ni justification économique - car elle n'a pas d'effet sur la compétitivité - ni objectif de redistribution - puisque les ménages les plus pauvres en étaient déjà exemptés", notent les auteurs de ce rapport.

Evoquant également la nécessité de réduire le poids de la dépense publique, ils estiment qu'une réduction de quatre points de PIB de celle-ci - l'exécutif vise une réduction de trois points sur la durée du quinquennat - "ne pourra pas être réalisée sans toucher aux dépenses de transferts, en particulier les dépenses de retraites".

Ils avancent donc l'hypothèse d'un recul de l'âge effectif de départ à la retraite pour "limiter le poids des dépenses de retraite" et "soutenir le PIB potentiel".

A leurs yeux, les grandes lignes de la réforme présentées la semaine dernière par l'exécutif "constituent un progrès" mais ils déplorent que cette perspective soit "fort lointaine", avec une entrée en vigueur très progressive et un coup d'envoi prévu en 2025.

(Myriam Rivet avec Leigh Thomas, édité par Yann Le Guernigou)