Washington contre une zone d'exclusion aérienne à la frontière coréenne

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SEOUL (Reuters) - Les Etats-Unis sont opposés à la création de la zone d'exclusion aérienne le long de la frontière entre les deux Corées que Séoul et Pyongyang entendent mettre en place début novembre, ont dit jeudi à Reuters deux sources au fait du dossier.

Ce n'est pas la première fois que des divergences de vue apparaissent entre la Corée du Sud et les Etats-Unis depuis la reprise des négociations avec la Corée du Nord, même si les deux pays assurent en public être sur la même ligne pour écarter le spectre d'un conflit nucléaire dans la péninsule.

Un accord militaire conclu le mois dernier lors de la visite du président sud-coréen Moon Jae-in à Pyongyang inquiète tout particulièrement Washington, qui craint de voir les défenses de la Corée du Sud affaiblies avant que de réels progrès aient été réalisés en matière de dénucléarisation.

Cet accord prévoit la fin de tous les "actes hostiles", la création d'une zone d'exclusion aérienne, le déminage progressif de la frontière et le démantèlement de postes militaires situés à l'intérieur de la zone démilitarisée (DMZ).

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a exprimé son "mécontentement" à son homologue sud-coréen Kang Kyung-wha pendant une conversation téléphonique entre les deux hommes la semaine dernière.

Les Etats-Unis sont notamment hostiles à la création d'une zone d'exclusion aérienne qui les empêcherait de mener avec leur allié sud-coréen des exercices militaires de soutien rapproché, ont dit les deux sources sous le sceau de l'anonymat.

Cette zone dont les avions de guerre seront exclus doit entrer en vigueur le 1er novembre et s'étendre sur 40 km de part et d'autre de la ligne de démarcation et à 20 km à l'ouest pour les appareils à voilure fixe.

L'accord interdit également la poursuite des manoeuvres militaires impliquant des avions à voilure fixe et des missiles air-sol guidés communément utilisés par la Corée du Sud et les Etats-Unis jusqu'à la suspension de ces exercices conjoints en juin dernier en signe de bonne volonté envers Pyongyang qui les voit comme une agression.

Cela empêchera la plupart des avions américains déployés en Corée du Sud, comme les F-16, de poursuivre leurs opérations de soutien rapproché aux troupes au sol, a précisé une des sources.

Un responsable du ministère sud-coréen des Affaires étrangères a déclaré que Mike Pompeo n'était pas au fait de tous les détails de l'accord lorsqu'il l'avait critiqué et qu'il a depuis transmis ses encouragements à Kang Kyung-wha.

Le département d'Etat américain n'a pas souhaité faire de commentaire.

Le porte-parole du département de la Défense, le lieutenant-colonel Christopher Logan, n'a pas non plus voulu s'exprimer sur l'accord tout en assurant que le Pentagone soutient toute mesure susceptible de réduire les tensions militaires dans la péninsule coréenne.

(Hyonhee Shin; Tangi Salaün pour le service français)