En Italie, le ton monte entre Salvini et Di Maio

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Italie: salvini nie toute crise gouvernementale sur l'amnistie fiscale[reuters.com]
(Crédits : Max Rossi)

ROME (Reuters) - Le ton est encore monté d'un cran vendredi entre les deux vice-présidents du Conseil italien Matteo Salvini et Luigi Di Maio à propos d'un projet de loi contesté d'amnistie fiscale et à la veille d'une importante réunion gouvernementale sur le projet de budget 2019.

Jamais encore depuis la constitution de leur gouvernement commun en juin dernier, Salvini, chef de file de la Ligue d'extrême droite, et Di Maio, dirigeant du Mouvement 5 Etoiles (M5S antisystème), ne s'étaient livrés publiquement à un échange aussi vif.

Matteo Salvini s'est dit prêt vendredi à modifier en partie le projet d'amnistie mais il a réfuté l'idée qu'un membre de son parti ait discrètement modifié le texte sans l'avis du M5S, afin d'élargir l'amnistie aux auteurs d'infractions financières, dont le blanchiment d'argent.

Dans une vidéo au ton musclé postée sur Facebook, le dirigeant d'extrême droite a assuré que Luigi Di Maio, ainsi que le président du Conseil Giuseppe Conte, étaient tous deux présents à la réunion pendant laquelle les grandes lignes du texte d'amnistie ont été exposés.

"Je commence à me fâcher parce qu'à cette réunion, Conte a lu (le texte) et Di Maio en a rédigé (le procès verbal)", a dit Salvini en ajoutant: "Je m'en balance de cette amnistie."

Le bureau de Giuseppe Conte a démenti la version des faits présentée par Salvini. Quant à Di Maio, il a diffusé à son tour une vidéo sur Facebook en déclarant : "Je ne veux pas passer pour un menteur et je ne vais même pas laisser des gens dire que j'étais distrait."

Le projet de budget 2019 de l'Italie a été critiqué par la Commission européenne, qui estime qu'il enfreint gravement les règles budgétaires de l'UE et attend des explications de Rome d'ici lundi.

Le M5S s'était jusqu'ici toujours opposé aux amnisties fiscales qui permettent à des particuliers ou à des entreprises d'éviter des poursuites pour évasion fiscale en s'acquittant d'une simple somme forfaitaire.

A l'inverse, la Ligue de Matteo Salvini, parti d'extrême droite aux racines situées dans le nord de l'Italie, est partisan de ces mesures qui permettent de remplir les caisses du Trésor et sont appréciées des entrepreneurs indépendants, sa base électorale.

Le principal mécanisme prévu par le projet de loi concerne les contribuables qui n'ont pas déclaré aux impôts jusqu'à 100.000 euros de revenus au cours des cinq dernières années, somme sur laquelle ils seraient taxés à 20%.

Mais dans le texte définitif du projet à soumettre au Parlement, la somme de 100.000 euros fait référence à chaque type d'évasion fiscale, notamment dans des comptes cachés à l'étranger, et non plus au total des infractions. Le M5S juge cela inacceptable et estime que le texte a été "manipulé".

"Demain, nous nous rencontrerons et nous allons régler ça. Puis lundi, nous nous emploierons à expliquer ce budget à l'Europe", a déclaré Luigi Di Maio.

(Crispian Balmer, Gavin Jones; Tangi Salaün, Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)