Les USA accusent une Russe d'ingérence dans les 'mid-terms' 2018

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Les usa accusent une russe d'ingerence dans les 'mid-terms' 2018[reuters.com]
(Crédits : Jim Bourg)

NEW YORK (Reuters) - Le département américain de la Justice a accusé vendredi une ressortissante russe d'avoir joué un rôle clé dans un projet soutenu par le Kremlin qui visait à mener une "guerre d'information" contre les Etats-Unis et à influencer la campagne des élections de mi-mandat du mois prochain.

Le ministère a annoncé avoir engagé des poursuites pénales contre Elena Khousainova, âgée de 44 ans et résidant à Saint-Pétersbourg, pour conspiration en vue de s'immiscer dans le système politique américain.

Il s'agit de la première mise en accusation pour ingérence liée aux "mid-terms" du 6 novembre, lors desquelles seront renouvelés l'ensemble des sièges de la Chambre des représentants et un tiers des membres du Sénat, indique une source gouvernementale au fait de l'enquête.

Selon la plainte déposée à Alexandria, en Virginie, par le département de la Justice, Elena Khousainova était la directrice de comptabilité d'une opération baptisée "projet Lakhta", financée par l'oligarque russe Evgueni Viktorovitch Prigojine et deux entreprises qu'il contrôle, Concord Management and Consulting LLC, et Concord Catering.

Surnommé le "cuisinier" de Vladimir Poutine par les médias russes car ses sociétés organisent des banquets pour la présidence, Prigojine est sous le coup de sanctions américaines.

En s'appuyant sur les réseaux sociaux et d'autres médias, les membres de cette conspiration ont mené "une guerre d'information contre les Etats-Unis" en cherchant à susciter de la méfiance envers les candidats aux élections et le système politique, peut-on lire.

"PROJET LAKHTA"

Concord Management et Concord Catering figurent parmi les trois entités et 13 ressortissants russes inculpés par le procureur spécial Robert Mueller en février dernier pour ingérence dans le processus électoral américain de 2014 à 2016, dans le cadre d'une opération multiforme visant à soutenir le candidat républicain Donald Trump et à dénigrer son adversaire démocrate Hillary Clinton.

A l'époque, l'acte d'inculpation évoquait déjà le "projet Lakhta" mais pas d'intervention dans la campagne en vue des mid-terms du 6 novembre prochain. Le cas Khousainova n'est donc pas géré par le procureur Mueller car ses investigations ne s'étendent pas aux élections de 2018, a indiqué la source gouvernementale à Reuters.

La divulgation des poursuites à l'encontre de Khousainova a été coordonnée avec la diffusion d'un communiqué commun des agences de renseignement et de sécurité américaines - Direction du Renseignement national, département de la Justice, FBI et département de la Sécurité intérieure - dénonçant des efforts de la Russie, de la Chine, de l'Iran et d'autres groupes étrangers pour intervenir dans les élections au Congrès et l'élection présidentielle de 2020, a déclaré une seconde source.

La plainte du département de la Justice précise que Khousainova a présenté en juin dernier à Concord un budget mensuel de 114 millions de roubles (1,5 million d'euros) incluant le financement de publicités sur Facebook et de "comptes de développement" sur Twitter.

Le budget proposé par Khousainova pour la période s'étendant de janvier 2016 à juin 2018 atteignait l'équivalent de quelque 30 millions d'euros, même si une partie de ces fonds étaient alloués à des opérations similaires dans l'Union européenne et en Ukraine.

"GUERRE DE PROPAGANDE"

La plainte détaille des exemples de ressortissants russes utilisant des fausses personnalités sur les réseaux sociaux pour alimenter des polémiques.

"Cela prouve que la menace russe n'a pas disparu", a commenté Barbara McQuade, ancienne procureure dans le Michigan. "C'est une véritable guerre de propagande".

Lors d'un déplacement à Scottsdale, dans l'Arizona, Donald Trump a assuré qu'il n'avait "rien à voir" avec cette nouvelle ingérence présumée de la Russie.

"S'il y a des hackers, beaucoup aiment probablement Hillary Clinton plus que moi", a-t-il dit.

La plainte du département de la Justice dit que rien ne prouve que les agissements de Khousainova ou d'autres membres de ce projet aient pu avoir un impact sur le processus électoral.

Dans leur communiqué, les agences de renseignement disent également ne pas avoir de preuve que quiconque ait été suffisamment loin pour perturber le déroulement d'un scrutin ou le décompte des voix.

Les gouvernements de certains Etats ou localités, qui gèrent les bureaux de vote, ont signalé des tentatives pour pénétrer dans leurs réseaux, mais les autorités ont été en mesure de "bloquer l'accès ou atténuer rapidement leur impact", ajoutent les services de sécurité.

En juin dernier, le procureur Mueller avait inculpé 12 agents des services de renseignement russes pour piratage des réseaux informatiques du Parti démocrate lors de la campagne présidentielle de 2016.

(Avec Lisa Lambert, Makini Brice; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)